vendredi 14 octobre 2016

Toronto

Voilà voilà je reviens de Toronto !
Séquence racontage de vie en approche. Installez-vous et soyez jaloux pour quelques secondes (et restez pas jaloux plus de quelques secondes vous aussi partez faire une aventure ou découvrir de nouvelles choses).



Ce week-end c’était Thanksgiving, pour nous les européens ça veut rien dire et ici c’est une sorte de réunion familiale ou on mange de la viande. Ça n’a pas l’air aussi important que noël (et y’a pas de cadeaux) mais c’est plutôt sympa. Si je ne dis pas de bêtise c’est une tradition autochtone qui a été un peu remasterisée (autochtone désigne les indiens d’Amérique du Nord).
Bon c’est bien beau tout ça mais quel rapport ? Et ben c’est férié le jour de Grâce (le lundi) ! Du coup hop je prends mes strings et mes tongs et je m’en vais dans le Sud !



Vous vous en doutez bien, ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça mais grosso modo je suis partie avec 4 autres sciencepistes dans la ville qu’on qualifie de New York canadienne. C’est la plus grosse ville du Canada avec 2,615 millions d’habitants et plus de 6 millions en zone urbaine, dans un pays qui en compte 36 millions ça fait beaucoup.

Le réseau ferré étant pas de ouf développé au Canada on voyage pas mal par bus (Greyhound c’est la vie) c’est moins cher et plutôt bien fait. Donc je suis partie le vendredi à 18h pour repartir le lundi à 14h. Le trajet a duré 5h30/6h à l’aller et 7h au retour (gracias aux bouchons). Et étonnamment c’était pas si long. A condition d’avoir son portable chargé, ou un livre, et une place près de la fenêtre (contre laquelle on peut s’appuyer). En soi l’une des trois conditions peut suffire parce qu’on a de la place, que personne n’embête personne et que c’est confortable.
Je sors du travail, excitée comme jaja et hop on prend le bus (qui avait un problème de clim donc on a étouffé sous la chaleur pendant tout le trajet… vraiment … je me suis demandée à un moment si mon sang pouvait bouillir. Guess what ? Non sinon on meurt.). On arrive dans Toronto vers minuit et c’est le moment de trouver notre air bnb. On traverse donc la ville en nocturne et c’est plutôt magnifique (on passe dans le campus, devant l’assemblée législative …) et nous voilà arrivés (enfin) devant notre adresse.
Pas très engageante, c’est une petite porte entièrement taguée à côté d’un grec, la boîte aux lettres où on récupère nos clés possède 2 énormes cadenas. A l’intérieur un escalier exigu et une lettre qui explique que le chauffage marche pour tout l’immeuble donc si un gentil rigolo le baisse à 10 tout le monde se gèle les miches. Mais une fois arrivés c’est une bonne surprise. C’est même très sympa ! Une cuisine avec de l’ardoise sur les placards (et des dédicaces du monde entier dessus) une petite salle de bain, un lit deux places, un canapé une place et un matelas gonflable 2 places. D’ailleurs le matelas est un peu raplapla.
Les garçons le prennent et les rôles changeront. Il est 1h demain c’est lever 5h je m’endors en deux secondes mais j’entends en bruit de fond que ça met du Jul (Lourd.) et que ça rigole pas mal (ils assumeront pas deux jours plus tard).
Samedi encore dans la nuit. 5h. Bonjour nos têtes. On fait les sacs, une petite virée à 50m pour acheter des paquets de croissant (et on remercie le système américain où les supermarchés sont ouverts toute la nuit) et uber direction la gare pour prendre un bus.
Le chauffeur est kurde, on discute de la France et de la Turquie, on rigole. Ça sent l’aventure et la tête du matin dans son taxi. On rigole avec nos voix graves matinales encore pas tout à fait réveillés. On est en avance alors on fait un tour et on voit un raton laveur obèse qui fait sa vie.
C’est marrant le matin. J’aime bien ça. Quand tout le monde dort, on se retrouve seul dans le silence et aux gigantesques constructions humaines. C’est comme un secret le matin.
Bref on arrive aussi sur une place avec des écrans géants allumés partout, on chante New York on se prend pour des stars. On s’en fout y’a personne.
Un gars finalement vient nous parler pour nous dire que New York faut pas y aller pour le nouvel an c’est trop bondé, il le sait parce qu’il l’a fait 5 fois (nik la logik).
 
Bernie <3


Finalement on prend le bus direction Niagara Falls (la ville s’appelle littéralement Les Chutes de Niagara … du coup je me demande Niagara c’est qui/quoi ?).
Et on arrive dans une station hantée… réellement. On dirait une gare routière fermée dans la Creuse. On met 25 minutes avant d’apercevoir quelqu’un (bon ok les gens aiment faire la grasse mat mais c’est abusé quand même). On voit des bâtiments fermés avec des planches aux fenêtres.  Wallah c’est vide Niagara Falls. Sauf que ce n’est que le début …
Après 25 minutes de marches en longeant la rivière il commence à pleuvoir. Ok la météo nous avait prévenu mais on passe vite d’une petite drache à la bonne pluie. J’ai un léger sweat et chacun de mes compatriotes a un parapluie ou un poncho ou une capuche. Au pire j’ai une casquette me dis-je. J’avoue à ce point de l’histoire j’ai le seum et je suis mouillée et tout le monde se fout de ma gueule.
On arrive donc aux chutes qu’on voit sous les nuages et sous la pluie mais wow. Il a trois chutes et elles sont larges. C’est très beau, surtout quand on ira voir juste au-dessus le moment où des milliers de litres se déversent de manière hypnotique dans le vide.
Ce qui me fait rire c’est l’invasion asiatique sur les bateaux et en face, sur le côté américain. Ils ont tous les k-way colorés donnés par les compagnies de bateau. On voit donc des centaines de fourmis roses d’un côté et de jaunes de l’autre. Moi ça me fait rire. J’ai une allure bizarre avec mon écharpe de toutes les couleurs et ma dégaine de chien mouillé.
On va sous les chutes et puis on meurt de faim alors direction la partie Las Vegas. Parce que oui Niagara Falls c’est un mélange de Détroit, de truc naturel magistral avec de l’eau et de mini Las Vegas. L’allée des fastfood ressemble à Disneyland. On est plus que surpris, l’ambiance est trop bizarre. Bon bien sûr le grand garçon du groupe décide de courir après les mouettes et notre photographe en titre fait des clichés sublimes et notre diseuse de conneries dit des conneries mais ça va elle est marrante. On valide.
L’aprèm on visite Toronto (qu’on voit enfin sous le soleil… ah oui j’ai oublié de préciser : la pluie s’est enfin arrêtée et j’ai fini par sécher). On voulait absolument voir le coucher de soleil sur Toronto et on l’aurait raté à cause de l’heure de queue donc à la place on se balade. Au dernier moment Aïssatou (la diseuse de conneries) réussit à récupérer une place pour le concert de Drake le soir-même (concert qui était mémorable d’après ses nombreux snaps). Et on va manger avec une science piste torontoise (COUCOU JULIE). Elle nous parle de sa vida loca et nous de notre dolce vida dans une brasserie irlandaise sur un bord de lac (poésie tmtc) et on a galéré pour trouver un truc ouvert à 20h un samedi soir sur la plus grande ville du Canada. Y’avait personne d’ailleurs. On finit dans un bar/maison vraiment sympatoche et hop retour au lit.
Joyeuse découverte : le matelas a dégonflé de 1/3. On adore.
Je dors toujours pas dedans mais les deux filles disparaissent dans ce matelas/hamac qui va finir par toucher le sol.
Le lendemain matin on visite la ville et on prend notre premier breakfast à la bacon nation (j’ai même pas pris de bacon). Chinatown, Little Italy, Korean place, le quartier du campus, le centre business, le petit marché un peu hype vegan. Autant de quartiers et d’ambiances différentes. En marchant on voit même une église avec un drapeau LGBT. D’ailleurs des drapeaux arc-en-ciel on en voit partout ! Y compris sur les devants des hôpitaux (hôpitaux et centres de recherche pour le cœur, les enfants malades ou le cancer gigantissimes en plein milieu du centre ville).
On finit par monter à la CN Tower. Alors que je pensais avoir vaincu mon vertige depuis des années je retrouve ce frisson intense sur toute ma colonne vertébrale et les membres qui tremblent (ma face pas rassurée a été prise en vidéo) quand je monte (rapidement) sur le plancher de verre (mdr si vous voulez suicidez vous mais c’est pas pour moi je connais mon histoire, 9/11 toussa toussa on est jamais à l’abri d’un avion). Le resto a des prix abordables (contrairement à celui sur la tour Eiffel) mais on redescend (on ne va PAS à l’aquarium pour ma grande déception, pourtant j’adore les aquariums) et on mange chinois pour Thanksgiving.


[Ellipse rapide : on rentre, ces fragiles qui m’accompagnent sont crevés, à part Aïssatou et donc on ne sort pas. Par contre on découvre qu’elle est Serdaigle sur Pottermore et je dors par terre parce que le matelas est décédé.]

Le lendemain matin on part en Bretagne. Bon pas vraiment mais presque. Toronto est en bordure d’un lac immense (canadien quoi) et il y a une sorte d’île. Le billet de bateau est donné (7$ A/R). On était seuls sur cette île toute verte et sans écureuils, presque inhabitée avec des plages et ce qu’on prendrait pour un accès à la mer. On a vu Toronto de loin et fait des photos superbes. Et aussi vite que c’est arrivé on a dû reprendre le bus pour rentrer.

Substantiellement c’était bien. Vraiment.
Je ne suis pas une guide du routard mais personnellement j’ai apprécié la vivacité et la diversité de Toronto, être étourdie par les gratte-ciels puis apaisée par la mer, cocoonée dans les petits quartiers résidentiels et éblouie par les lumières de Chinatown. C’est pas trop trop cher et ça vaut le détour. Au moins pour deux jours histoire de se balader au travers des ambiances.


Bon la bise et à la prochaine fois !

mardi 4 octobre 2016

Pensée no 2 : L’envie de voyager

Je suis loin de chez moi. C’est pas nouveau je le répète à chaque nouvel article, à la fin on l’aura compris.
Suis-je dépaysée ? Oui par certains aspects, c’est pour ça que j’ai commencé la série Ce qui change (on notera le titre original) mais globalement pas trop. Je suis dans une ville occidentale, j’ai tout à portée de main, je mange la même chose ou presque qu’en France. Fondamentalement mon mode de vie n’est pas si différent. Et ce n’est pas anormal et je ne m’en plains pas. C’est évident qu’une routine s’impose et heureusement.
Je vais au travail 5 jours par semaine, j’ai entraînement deux fois, je fais des lessives, je check mes mails, mes notifications, je regarde des vidéos, des séries, j’écris sur mon forum, je poste un article.
Non être immigrée (ce n’est pas parce que je suis blanche et française que je suis une expatriée, j’ai la même définition qu’un immigré, un travailleur qui quitte sa terre natale pour s’installer ailleurs) ce n’est pas forcément sortir de sa zone de confort, ce n’est pas forcément vivre une vie d’aventures, de surprises, de découvertes. Il y en a, comme la fois où je suis allée voir le festival de montgolfières, comme cette croisière sur le fleuve. Il y en aura quand l’hiver viendra et même ce week-end à Toronto mais en général ma vie c’est pas un film.
Et pourtant dans ma tête si.
Déjà internet est un facteur de rêve constant. Les réseaux sociaux me montrent un tas d’histoires et d’opportunités de partir faire le tour du monde, d’expériences de gens qui l’ont fait. Ou même de façon moins directe des photos magnifiques prises au quatre coins du monde qui donnent envie d’y être. Encore mieux, je suis dans la promotion de SciencesPo qui part cette année. On est en 3ème année donc on doit partir à l’étranger et ça veut dire des centaines d’amis, de potes, de connaissances partout sur la planète. C’est une opportunité de folie. Chacun partage à son niveau, à son envie mais sur mon fil d’actualités le vent du large frappe fort. Sur facebook mais aussi sur snapchat, sur les blogs, les instagram. Certains sont bientôt en vacances d’hiver (l’hémisphère sud), d’autres profitent en postant des photos d’échappées pendant les week-end ou de sorties avec des natifs du pays.

Cette surexposition crée un envie de m’envoler. Mais moi aussi je me suis envolée non ? Eh bien je me suis installée surtout. Mes envolées ce seront mes petits voyages tout au long de l’année. Ma mère est partie elle aussi quand elle était plus jeune, deux ans. Et je ne peux que constater à quel point le voyage est différent. Elle est partie deux ans, seule, en bougeant de pays en pays à travers l’Asie. Je pars un an travailler au Canada. Les expériences sont diamétralement opposées. Parce que je ne sors pas de ma zone de confort.
Et comme en France j’ai la même envie de … partir. Sacré virus que celui de vouloir s’envoler. Et que personne ne me sorte la chanson de Louane. Mes chers parents je vole … ils peuvent venir avec moi mes chers parents ça me dérange pas tant que je vois le Machu picchu, le temple d’Angkor, les pyramides d’Egypte, le grand Canyon, le Sahara, la Sibérie. Rien que d’en parler j’ai des frissons dans les jambes.
Je vis donc un bien étrange paradoxe. Celui de partir et de vouloir partir. En tête j’ai des monstrueux voyages, accompagnée ou seule. Et j’ai peur que ça soit pas mal de l’idéalisation ou une recherche infinie pour résoudre l’insatisfaction (pas mal le titre de thèse de psycho). Parce qu’après tout je suis dans ma zone de confort (je l’ai pas assez répété il me semble). Je peux rêver tant que je veux sans oser pour autant. En plus je suis partie, qu’est-ce que je veux de plus ? Est-ce que ça serait pas une illusion ? Non non non j’essaie de me convaincre que non j’ai envie de voyager, de prendre mes bottes ou une voiture et d’aller autre part. Pas pour travailler comme but principal, pour découvrir.
Je pensais que cette 3A c’était la totale liberté. Et c’est pas tout à fait faux, je découvre qui je suis. Je ne connais personne ici alors je m’en fous. Je peux faire ce que je veux en sortant du travail et les week-end, j’ai aucun devoir. Mais je ne suis pas sur les routes, à aller où mes pas me portent.
Après tout… tant mieux. Je suis d’autant plus excitée pour les vacances qui arrivent. Dans quelques jours à peine je vais voir les chutes du Niagara. Je vais passer Noël à New York avec mes gens préférés de cette vie et je vais aussi aller à Toronto, Montréal, New York encore. Je vais aller faire des raquettes, faire du ski de fond et du chien de traîneaux. Ça va pas être tout le temps l’aventure mais déjà c’est pas mal. Et puis ça me laisse le temps de rêver aux futurs voyages.

Un petit échantillon : marcher sur les chemins de Compostelle avec ma petite sœur (elle va être ravie de l’apprendre tiens), aller dans les montagnes de la cordillère des Andes (Perou, Argentine, Chili peu m’importe mais en America latina s’il vous plaît) avec ma meilleure amie, Moscou et Saint Petersbourgh en famille, le tour des côtes bretonnes en un été, l’Ecosse en poney (le rêve), l’Islande en itinérant (avec des potes ?), le Mali et le Sénégal, la jungle africaine (oui bonjour les clichés merci je sais même pas dans quel pays je verrais ça), l’Iran et ses paysages qui me font tant envie (seule peut-être), et l’Asie… le Japon, l’Indonésie, l’Inde tout court (MDR TRO MARRAN), les rizières (je rigole même pas j’en ai jamais vu en vrai), la Thaïlande, le Cambodge, le Laos…
Je suis jeune mais je stresse déjà à l’idée de ne pas avoir assez de temps.
En attendant il faut que j’apprenne à apprécier ce que j’ai. Ma zone de confort en tout cas… peut-être que je la regretterai plus tard on sait jamais. Carpe Diem. Parce que si je rêve trop je risque d’oublier de profiter.


PS : Un article qui explique pourquoi j’ai pas envie d’être appelée expatriée. On est tous dans la même gadoue. http://www.lactualite.com/societe/la-difference-entre-les-immigres-et-les-expatries/