Il y a un
mois, plus d’un mois maintenant je suis partie aux États-Unis. C’était la
première fois. Et contrairement à beaucoup de gens de mon âge et de pas mon âge
à travers le monde, les États-Unis m’ont jamais fait rêvé. Peut-être parce que y’a
un côté antisystème à être anti-américain. Peut-être parce que je suis l’arrogance
à la française.
Je suis
allée à New York pour y rencontrer ma famille et passer Noël. On est aussi
passés par Boston en fin de trajet.
Je vous
évite l’arrêt cardiaque quand en partant d’Ottawa je me suis rendue compte que
j’avais pris mes billets pour la semaine d’avant (et j’ai dû faire des
changements et rester dans une gare à Montréal sans savoir si j’aurais le bus
le soir même à minuit.
On dormait à
Brooklyn dans un appartement surchauffé, dans un quartier animé. Très animé
entre les éclats de voix parce que quelqu’un était rentré en pleine nuit et que
la voisine l’a viré en gueulant (il devait être 3h) ou encore le léger accident
de voiture qui a néanmoins bloqué le klaxon pendant une bonne vingtaine de
minutes (toujours en pleine nuit), réveillant littéralement tout le quartier,
créant un attroupement juste en face de chez nous et ameutant les policiers.
Je ne sais
pas comment je pourrais tout à fait retranscrire mon sentiment sur New York. J’ai
été rassurée sur les américains juste avant la prise de pouvoir de Trump, j’ai
aussi été prise de court par leur société. Dans les deux sens du terme. Ce
serait bateau de dire que les États-Unis renferment le pire et le meilleur de l’Homme.
Et pourtant …
D’un côté j’ai
assisté à une messe évangéliste dans lequel tout le monde chantait, criait ce
qu’il avait sur le cœur, ils nous ont serré la main, nous ont accueilli. J’ai
vu le désir du pasteur-prêtre-moine (pardon je ne suis pas calée en religion)
de ramener les jeunes noirs (oui parce que les seuls blancs de la messe étaient
des touristes comme nous) hors de la violence, de la haine, de les pousser à
étudier encore. C’était plus qu’une messe c’était un discours. Et malgré la
durée de la messe j’ai été fascinée, j’ai cru discerner un léger bout de ce qu’est
l’âme des États-Unis. Une culture noire qui n’a pas forcément été médiatisée.
Une de ces cultures qui font la richesse de ce pays et qu’on oublie trop. Parce
que c’est dans ces quartiers de Brooklyn que je me suis sentie le plus à l’aise.
Imaginez un peu que quelques kilomètres plus loin, entre la mer et le quartier
russe il y avait le Brooklyn richissime. Des maisons en forme de villa, de
palais, immenses et décorées comme jamais. Nous sommes allés voir les « illuminations »
c'est-à-dire des maisons entièrement recouvertes de lumières de noël, des
soldats géants automatisés, des arbres sertis de LED, des pères noëls et des
rennes partout. Ça m’a littéralement rendu dingue. Je me suis imaginée les
milliers de dollars dépensés pour … être mieux que le voisin ? Faire plaisir
aux touristes ou aux pauvres venant voir les lumières de noël. J’ai
littéralement halluciné devant l’étalage des richesses. Et c’est un peu ce que
New York m’a montré. Un Manhattan blanc (du moins dans les restaurants, hôtels,
clubs…) et un Harlem noir. Un quartier chinois à côté du quartier italien. Des
identités fortes, des richesses disparates.
Je ne sais
pas trop quoi en penser, je ne juge pas, je me contente d’observer. Un soir en
rentrant en métro on a vu des musiciens de rue faire danser 3 jeunes femmes aux
styles et aux coiffures typiquement new yorkais (je ne sais pas comment appeler
ça autrement, c’est un délire la mode à NY, beaucoup de manteaux de fourrures
et de mix de textures). Un après-midi dans un magasin de sport un homme est
venu nous parler pour nous dire qu’Hollande c’était de la merde, que la France n’était
plus la France et que Trump venait sauver le pays. J’ai mis 3h avant de
reprendre un rythme cardiaque stable et espoir en l’humanité (Je précise que l’homme
en question était né de parents immigrés allemands et que sa femme était
ukrainienne naturalisée).
J’ai été
déçue par la statue de la liberté et bouche bée par le pont de Brooklyn. J’ai
adoré Central Park, poumon de la ville, et le Met qui est si beau qu’il
défierait presque le Louvre (arrogance à la française j’ai dit ?). Il a neigé,
il a plu, il a fait beau et froid. On a eu de la chance de voir tout ça en
seulement quelques jours. On a mangé des immenses hamburgers et des
cheesecakes. On est montés sur des immeubles qui touchaient le ciel sans
comprendre l’urbanisation chaotique de la ville. Après on a visité le musée de
New York et on a compris les règles bizarres de la cité qui ne dort jamais. On
a vu un morne Wall Street et un Greenwich Village charmant. On a visité le
monument érigé pour les victimes du 11 septembre et je l’ai trouvé bien.
Pudique et marquant.
J’ai été
surprise de voir Ellis Island, l’île qui a créé l’Amérique, une terre d’apatrides,
de réfugiés, d’immigrés qui ont tout quittés pour construire autre chose. J’ai
encore moins compris les américains.
Ensuite nous
sommes allés à Boston. La ville des Kennedy. Une ville de bord de mer à l’allure
anglaise/irlandaise. On avait parfois l’impression de se déplacer dans les
décors de Sherlock Holmes. On a suivi un fil sur le sol qui faisait découvrir
la ville. On a beaucoup marché, y compris sur un pont branlant qui nous a filé
des frayeurs (bon il n’était pas branlant mais transparent, c’était stressant
quand même).
C’est là-bas
que je suis repartie en bus, les larmes plein les yeux. Comme une chouineuse.
J’ai rien
compris aux américains, ils brouillent les musées et les idées, ils vivent
follement fort et ils créent, ils montent vers le ciel et gueulent fort.
Les ricains
vraiment… c’est quelque chose.
Mais j’suis
pas mécontente de rentrer au Canada, le pays des gentils.
Et je serais
pas mécontente de rentrer en France dans quelques mois. Même si je vais y
retrouver l’ambiance tendu, terrible de l’élection qui s’annonce être vitale
pour l’avenir de l’Europe, de la France, de mon optimisme. Allez on y croit !
Et voici une
petite suggestion de musique qui me file les frissons :
Eh bien eh bien me
revoici ! Ça fait deux semaines que j'ai repris le travail,
soit l'équivalent de mes vacances. Mes vacances qui furent assez
mémorables. Je les raconterai dans le prochain post mais aujourd'hui
je me suis dit que ça pouvait intéresser certaines personnes si je
parlais de mon travail.
Techniquement mon
stage fait partie de ma troisième année d'études post bac, je suis
toujours étudiante de SciencesPo, il dure 8 mois (avec 2 semaines de
congé comprises) et est à temps plein.
Je suis dans une
maison d'édition francophone basée en Ontario (province
majoritairement anglophone) et plus précisément à Ottawa (Ottawa
est la capitale du Canada et à la frontière du Québec qui est la
province francophone). Il y a plus de 250 000 francophones dans
l'Ontario.
Je présente ici une
carte :
On peut voir les
deux villes principales : Toronto (appelée la mini New York) et
Ottawa (ville avec beaucoup d'institutions publiques dont le
Parlement). L'Ontario est principalement peuplé dans le Sud et
l'Est.
Avant de venir au
secteur de l'édition en particulier, j'ai besoin de faire un point
sur la géographie et l'importance de la langue française pour les
francophones. Selon la francophonie des amériques, hors Québec les
francophones du Canada représentent 4,5 % de la population,
soit environ la même proportion que les autochtones (Indiens
d'Amériques, Premières Nations, Amérindiens, appelez-les comme
vous le désirez) sauf dans la province du Nouveau Brunswick où ils
sont 1/3 de la population.
Selon Wikipédia,
les chiffres de 2011 montrent que les canadiens francophones
représentent 30 % de toute la population. C'est un chiffre bien
plus grand que je ne me l'étais imaginé et pourtant ça ne se
ressent pas du tout (à part au Québec, province très à part qui
demande son indépendance depuis un bout de temps, Vive le Québec
libre toussa toussa).
Il existe
véritablement une fracture entre anglophone et francophone, ce n'est
pas seulement au niveau de la langue même si maintenant, j'ai le
sentiment que c'en est devenu le symbole. Au départ ce fut la guerre
entre Anglais et Français, puis les américains (US) qui voulaient
envahir le Canada. Historiquement je ne vais pas rentrer dans les
détails mais il y a eu de nombreux conflits. Au sein même du
Canada, les francophones étaient catholiques et les anglophones
étaient protestants, il y avait donc une fracture religieuse.
On ressent même
différents esprits entre les anglo et les franco (ils s'appellent
comme ça). Par exemple entre Toronto et Montréal, si vous avez la
chance de visiter les deux villes, on peut constater une différence
au niveau de l'architecture, dans les bars… et encore je ne suis là
que pour 8 mois alors je n'y connais pas grand-chose et je n'ai pas
la prétention de saisir toutes les nuances de cette fracture.
En dehors du Québec
la voix des francophones est restreinte, on peut noter par exemple le
Règlement 17 en 1912 qui astreignait l'emploi du français à
l'enseignement de cette langue seulement. Règlement 17 qui a été
aboli mais qui reste très présent en tant que symbole dans la lutte
pour sauvegarder le français. Je n'en avais strictement aucune idée
quand je suis arrivée, j'étais comme tous les français qui
imaginent l'accent québecois comme les humoristes l'imitent. En
vérité il y a bien plus d'un accent français au Canada, je vous
renvoie à cette vidéo :
Donc l'emploi du
français c'est très important et c'est une véritable lutte et
fierté que portent tous les franco hors Québec, en Ontario on les
appelle les Franco-Ontariens. Cette fierté farouche vient de la
menace de l'anglais. En France on se fiche d'angliciser des mots et
on les utilise sans faire attention (puisqu'on le fait mal et qu'on
le prononce à la française) : Week-end, parking, basket, Brian
is in the kitchen. Ici tout le monde est bilingue (ou presque) et il
est facile de switcher d'une langue à l'autre you know. La plupart
des jeunes franco parlent d'ailleurs les deux langues dans un mélange
pimenté avec l'accent c'est un vrai régal (mais ça va au bout d'un
moment on s'y fait et on prend la même habitude).
Vendre des livres
francophones c'est un défi, tout comme les publier. Le but est
d'assembler et de jouer sur la fibre patriotique des francophones et
de rassembler cette population éparpillée et « envahie ».
Ils sont beaucoup plus pointilleux sur l'emploi du français (au
niveau de la ponctuation je n'ai pas le droit de prendre des
guillemets anglais ou l'apostrophe anglais par exemple), ils
traduisent tous les mots à consonance anglais. C'est là qu'on voit
l'enjeu d'une langue, représentante d'un peuple.
Les maisons
d'édition hors Québec bénéficient souvent d'aides de l’État et
sont en concurrence acharnée et déloyale avec les maisons
québecoises qui ont envahi le marché. Ou alors les traductions de
livres anglais connus.
Les Editions David
pour lesquelles je travaille, se portent, de mon point de vue, plutôt
bien, avec une vingtaine de livres qui sortent par an dans plusieurs
collections : poésie, romans, romans jeunesse.
Moi je suis
stagiaire, alors je n'ai pas un poste prédéfini mais on peut dire
que je suis adjointe aux communications. Je m'occupe de toutes sortes
de tâches, très différentes les unes des autres.
D'abord je m'occupe
de l'aspect communications (obviously), c'est à dire que j'essaie de
donner de la visibilité à un livre ou à un auteur, à assurer une
présence continue sur les réseaux sociaux (sites, facebook,
twitter). Dans le même esprit je m'occupe de la revue de presse, je
classe tous les articles sortis sur nos livres ou auteurs ou
récompenses.
J'ai aussi la chance
de lire des manuscrits pour donner mon avis afin de guider soit
l'éditeur dans ses corrections mais plus souvent à l'auteur pour
qu'il corrige les plus gros défauts. Je lis surtout des livres
jeunesse vu que je suis la plus jeune au bureau.
J'essaie aussi de
décharger le travail de ma collègue en effectuant des traductions
pour des catalogues, des résumés, des infolettres …
En ce moment je
m'occupe énormément d'un concours d'écriture à visée des
franco-ontariens dont le thème est La première fois que… Je
reçois les textes, les classe, les lis, répond aux participants,
les anime et j'essaie de les encourager et de les aider. Je
m'occuperai de la pré-sélection avant le jury quand j'aurais reçu
tous les textes. Ils en choisiront certains et un recueil sera
publié.
Je gère aussi
l'aspect des envois de presse et le suivi auprès de certains
journalistes ou associations, encore une fois pour donner de la
visibilité à un livre.
J'ai participé à
trois salons dans lesquels j'étais en stand afin d'aider,
d'accompagner, de surveiller et de parfois tenir la caisse
(Hawkesburry, Montréal et Toronto).
Je fais pleins
d'autres petites tâches mais vous savez maintenant ce que je fais de
mes journées !
Bon et bien moi j'ai
mon linge à aller chercher alors je vous dis à très bientôt pour
vous parler de New York
(PS : après la
neige puis un redoux puis la pluie il caille et y'a du verglas
partout. J'adore.)
Et je crois
que mon timing n’aurait pas pu être
meilleur… il y a entre 10 et 15 centimètres de neige à Ottawa et jeudi on prévoit
du ressenti de -25 à -30. Ouais c’est pas l’Espagne quoi.
Hier je suis
rentrée à pieds et c’était magique, les routes étaient recouvertes d’une neige
vierge. La neige, personnellement, je trouve ça apaisant, la neige fraîchement
tombée on s’entend (quand elle est encore blanche et propre).
La neige c’est
très beau et agréable… quand tu es à l’intérieur. Dehors tu as les poils de nez
qui gèlent tu galères à fermer ta veste (parce qu’au Canada les fermetures
éclairs sont inversées), et tu dois enlever et mettre tes gants à chaque fois que
tu veux changer de chanson.
J’ai aussi
une grosse doudoune avec de la fourrure. Elle est trop bien c’est mon doudou.
Mais elle me rend aveugle. Par miracle je suis rentrée dans personne…
Qui dit
neige, dira plus tard verglas et bon courage pour ne pas tomber dans une
montée. D’ailleurs au Canada il existe aussi des pluies verglaçantes, donc là y’a
même pas d’intermédiaire c’est la merde direct.
La neige c’est
marrant et fun mais d’un autre côté c’est aussi dangereux. La plupart des
voitures roulent doucement et pourtant sans chaînes à neige (alors que je dois
enjamber pour marcher sur certains trottoirs).
Le trafic des bus est ralenti et
les bus qui arrivent sont bondés (ô joie. Ça me rappelle de doux souvenirs du
métro parisien.). En plus de ça j’ai cru voir que la rivière commence à se
geler.
En tout cas
c’est botte obligatoire et quand il ne neige plus on peut voir les paillettes
scintiller dans la neige (oui parce que ça fait des paillettes en reflétant la
lumière…). Le mieux avec la neige c’est le calme quand il fait nuit et qu’on se
sent seul dans cette grande ville toute blanche. Oui parce que c’est aussi la
première fois que je vois une ville avec autant de neige (c’est pas à Paris qu’il
neigerait comme ça). Tout le monde s’est transformé en bibendum et encore, tous
les canadiens m’ont dit que le pire arrive en janvier et février. Je me demande
comment je vais faire vu que j’ai déjà sur moi toutes les peaux de bêtes que je
peux (la fourrure vraie ou fausse isole très bien.).
Surprise
aussi : les écureuils sont toujours vivants, ils réapparaissent de temps
en temps sur les arbres.
Petite
chronologie de la neige : 28 octobre première légère neige qui a duré 1
jour
20 novembre
je rentre en train de Montréal et s’il pleuvait là-bas une neige abondante
tombe ici. Et c’était trop mignon. À partir de ce moment la neige est restée et
cette dernière semaine il en est tombé des couches et des couches par-dessus.
Moi ça va je m’en plains pas… mais certains sont en PLS … suivez mon regard.
J’ai même vu
des gens faire de la luge dans un parc (l’idée est retenue pour bientôt).
Mais la
neige et l’hiver ça veut dire qu’il fait nuit très tôt. Quand je sors du
travail par exemple. Ça donne très envie de faire des choses (non.).
Mais j’ai
une piscine chauffée … et ça c’est cool.
Je crois que
mon corps s’est habitué au froid pour l’instant mais je ricane doucement vu que
toute ma famille arrive vendredi à New York où il neigera peut-être la semaine
prochaine… rira bien qui rira le dernier.
Et tous les
étudiants australiens, d’Amérique latine ou que sais-je encore… ne faites pas
trop les malins. On devient des sur-hommes dans le Nord. (Et je parle pas de
Roubaix ou de Dunkerque).
Depuis la
fin de cet article il y a en fait 17 cm de neige.
Winter is sacrament d'ben là diraient les canadiens (ou pas je ne veux pas vous offenser pardonnez-moi).
J’ai eu un
mois de folie
Laissez-moi
vous expliquer. Je travaille dans une maison d’édition francophone, basée en
Ontario, et ce mois-ci il y avait deux Salons du livre, l’un à Montréal, l’autre
à Toronto, deux ambiances complètement différentes, j’ai travaillé aux deux
pendant 4 à 5 jours.
Déjà je fais
un petit point sur mon stage, nous sommes trois à temps plein à nous occuper de
cette maison d’édition et entre 10 et 20 livres sortent chaque année, des
livres ados et adultes. Moi mon travail consiste en : m’occuper des
réseaux sociaux (écrire des twit, des posts, des blogues), de tenir la
couverture médiatique à jour, d’effectuer les envois de presse, je fais parfois
des traductions, j’écris des résumés pour les catalogues, je m’occupe d’un
concours d’écriture (réception des textes, organisation, pré-lecture, animation
d’un groupe de conseils) … et bien sûr, on me demande parfois de lire un
manuscrit pour donner mon avis. Je ne m’occupe ni de la partie financière, ni
de la partie édition. Voilà pour les curieux.
Et j’ai eu
la chance d’aller à Montréal (et Toronto) tous frais payés (toi-même tu sais l’hôtel et le train). L’ambiance d’un salon ? [Disclaimer :
j’ai vraiment beaucoup aimé mais pour l’écriture de cet article je m’autorise
un ton piquant et cynique] Du monde, beaucoup. Imaginez-vous le parc des
expositions avec le brouhaha ambiant et passer 8h dedans. Le premier soir j’ai
eu une des premières migraines de ma vie. Un salon c’est aussi des enfants. Et
des petits vieux. PLEINS D’ENFANTS d’ailleurs. Qui collectionnent les choses
gratuites (donc les marque-pages), marchent dans les pattes, crient ou
pleurent, bon ok certains sont gentils mais c’est l’exception qui confirme la
règle. J’ai la chance aussi de vraiment bien m’entendre avec l’équipe avec qui
je travaille. Donc ça équilibre.
Et puis il y
a plein de livres partout, j’ai pu voir que des grands éditeurs français
prenaient une place importante, alors imaginez moi dans mon petit stand des
éditeurs canadiens, francophones, hors Québec. On fait pas le poids mais au
moins on est là. Acheter un livre dans mon stand c’est presque un acte
politique.
J’avoue que
quand je rentrais dans le salon il faisait nuit et quand j’en sortais … aussi.
(Aaaah l’hiver.) Mais j’ai quand même pu visiter Montréal grâce à un
merveilleux guide que j’ai nommé Coco (non pas la drogue non). Et dès ma fin de
travail samedi après-midi on est allées faire tout un tas de trucs géniaux :
visite de Montréal sous la pluie et longues discussions métaphysiques (aussi
bizarre ça soit, j’ai kiffé), brunch des familles à s’en péter la panse, cinéma
pour voir Les Animaux fantastiques. Montréal je t’aime fort, on se revoit l’année
prochaine.
Ma gang d’Ottawa
me manquait et je suis revenue, brièvement pour repartir à Toronto. J’avais
déjà vu Toronto et c’est une toute autre ambiance, beaucoup plus américaine
mais pas sans charme.
Le Salon
était plus petit et pourtant toutes les écoles francophones et les écoles d’immersion
qui proposent un programme en français doivent récupérer des livres ici (y’a
pas des masses de livres francophones dans le sud de l’Ontario). Du coup hop
600 enfants par jour. Merci. Non je rigole. Tuez-moi.
Il y a eu à
la fin un père noël qui m’a donné des chocolats grâce à une gentillesse
désintéressée de ma part
Ce même père
noël qui a mimé une crise d’épilepsie devant un enfant quand je lui ai demandé
si ça allait. Et sa barbe tombait.
J’ai
découvert que la poutine pouvait être classe : servie en apéro dans un
petit récipient. Et j’ai bu un bloody caesar pour la première fois de ma vie
(de la vodka avec … du sel de céleri ?).
Et aussi :
j’ai visité quelque chose seule pour la première fois de ma vie. Bref plein de
premières fois.
Je suis
allée à l’aquarium de Toronto. J’adore les aquariums, c’est fun et apaisant, c’est
cool un aquarium. Et puis j’étais déjà allée à Toronto donc j’avais déjà vu pas
mal de choses. Donc direction l’aquarium un soir assez tard pour éviter les
enfants. Pour ma défense j’ai deux
petites sœurs et une famille avec qui je fais tous les trucs culturels. Donc c’est
pas que j’ai jamais visité quelque chose de ma vie, juste j’ai jamais eu l’occasion
de le faire toute seule.
Verdict
mitigé. C’était très cool (quoiqu’un peu cher pour ce que j’ai vu) mais il me
manquait un truc. Je ne regrette pas mais j’aurais préféré partager ça avec
quelqu’un.
On en a
discuté avec ma bestah d’Ottawa, il y a des avantages et inconvénients pour les
différentes façons de visiter et ça dépend de chacun. Certes j’ai eu tout le
temps de voir ce dont j’avais envie, de traîner, d’être dans ma bulle mais d’un
autre côté quand un poisson me fait rire je peux pas le partager, le montrer, l’imiter.
Je me pose des questions, est-ce que voyager seule ça va me plaire finalement ?
Peut-être que c’est l’âge ou ma personnalité. Je sais que j’ai besoin de
moments de solitude mais j’ai aussi besoin des gens. #créaturesociable
Je suis
revenue depuis dimanche, on a aussi fini la série des Harry Potter avec mon
gang d’Ottawa et je suis dans l’attente de mes futures vacances (dans 8 jours
!!!) et des retrouvailles avec ma famille. J’ai pleins de questions en tête,
sur mes futurs voyages et sur mon futur master. Ma tête est pas mal remplie ces
temps-ci.
C’était le
bulletin d’informations de ma vie. Très bientôt, un post sur la neige, l’hiver,
le froid, ressembler à rien quand tu sors et autres joyeusetés canadiennes.
Ok ça fait quelques
temps que je n'avais donné signe de vie. J'ai écrit un petit billet
sur le féminisme, le racisme et la difficulté de dire pardon ou de
reconnaître que l'on fait partie d'un système. Sauf que je me suis
perdue, embrouillée et finalement j'avais l'impression d'aller nulle
part. Je m'enfonçais dans un espèce de pathos humoristique teinté
de confusion. C'était désagréable. Et surtout au fur et à mesure
que je l'écrivais je me suis rendue compte que je ne savais pas
assez et que je n'avais pas d'avis clairement défini sur la
question. Donc j'ai laissé en suspens et comme dans ma vie il ne
s'est pas passé des choses folles depuis je ne reviens que
maintenant.
Voilà pour
l'explication.
Petites nouvelles
personnelles : à Ottawa il fait de plus en plus froid. Je ne
fais plus de rugby car la saison est finie ou presque (après avoir
été sur les terrains dans la ville d'à côté pour me faire poser
un lapin par l'équipe DEUX FOIS dont une où j'étais sous la
neige). J'ai dû arrêter en début de semaine mon programme sportif
à cause d'une douleur à la cheville que je préfère ne pas faire
empirer. J'ai aussi dansé toute une nuit pour l'anniversaire des 20
ans d'Aïssatou. Et j'ai eu les boules de ne pas avoir été à
l'anniversaire des 18 ans de ma petite sœur. RAS il neige pas encore
et les températures ne sont pas négatives.
Je me suis demandée
de quoi je pouvais vous parler ici. Mon travail dans l'édition ?
Mon programme sportif ? Des sujets personnels comme mon travail
sur moi-même sur certains sujets ? Des sujets polémiques ou
des pensées sur n'importe quel thème ? Ou tiens … si je
rajoutais moi aussi mon avis sur un truc dont tout le monde parle
depuis des jours.
QUELLE ORIGINALITE ?
Hein ? Je sais je sais ne me remerciez pas.
L'élection de
Donald Trump en tant que 45ème président des Etats-Unis.
Bon à titre
personnel j'ai pas vu un seul débat, le rêve américain ne m'a
jamais fait … rêvé et j'étais donc assez distancée
émotionnellement par le résultat. Je n'ai pas eu à accuser le
coup. Mais ça n'empêche pas que j'ai été surprise. Les sondages
je n'y ai pas cru. Les médias sont très souvent du côté gauche de
la politique ou du moins pas de l'extrême droite donc même en m'informant par les journaux je n'aurais rien vu venir. Et encore pire sur les réseaux sociaux, j'ai peu d'amis d'extrême droite et cela me créé une bulle virtuelle.
Cette élection
n'est pas la fin du monde. Si on y réfléchit Trump n'a pas eu une
victoire éclatante : il a obtenu moins de voix que Clinton (mais le système électoral des grands électeurs
américains fait qu'il a la majorité des grands électeurs) et il a
obtenu moins de voix que McCain en avait eu il y a 4 ans. La majorité
des américains a donc voté Clinton et c'est un manque de
mobilisation des électeurs démocrates (6 millions de moins qu'en
2008) qui a amené Trump à la victoire.
Bon reste quand même
que 60 millions d'américains ont voté pour Trump. Je ne parlerai
pas de la majorité invisible encore une fois qu'est
l'abstentionnisme le grand gagnant de toutes les élections de ce
monde.
Du point de vue de
l'étranger ou du moins des médias c'est un cataclysme. Homme grossier,
misogyne, raciste, xénophobe. Dans ses propositions on trouve :
taxer les importations chinoises à 45 %, construire un mur de 1
600 kilomètres de long entre les US et le Mexique (payé par le
Mexique), interdire l'entrée aux US des musulmans, la fin de
l'Obamacare, l'arrêt du financement pour la réduction du climat
(qui est pour Trump un hoax des chinois, une imposture pour rendre
l'industrie américaine moins performante), un rapprochement avec la
Russie, l'expulsion des 10 millions de migrants illégaux sur le
territoire américain, la fin des accords de Paris mais aussi de
l'ALENA (aussi connue sous le nom de NAFTA qui est un accord
économique avec les pays de l'Amérique). Il veut nommer au
ministère de l'éducation un créationniste et son vice président
considère les gays comme une erreur.
Dans son discours
populiste et démagogue, Trump se place du côté des pauvres face
aux élites politiques dans un pays où les inégalités grandissent.
Il prône l'isolationnisme et ne veut plus que les Etats-Unis soient
le gendarme du monde donc arrêter l'interventionnisme. On a qualifié
son élection du sursaut de l'homme blanc en colère. Mais c'est
faux. C'est l'Homme blanc en colère. Puisqu'en effet beaucoup de
femmes blanches ont voté pour lui.
Il a l'appui du KKK,
mais aussi de la plupart des suprématistes blancs qui se
reconnaissent en lui. Mais je ne vais pas prendre ça comme preuve
qu'il est raciste. On peut être soutenu par des racistes sans l'être
soi-même.
Je n'ai pas vraiment
envie de juger son programme ou son élection, beaucoup d'analystes
et d'historiens le feront mieux que moi. Je suis française en plus
et même si cette élection aura des répercussions sur le monde
après tout on devrait accorder moins d'attention à ces élections
shows qui recherchent à tout prix le regard du monde entier. Les
américains et leurs excès me fatiguent très vite. En plus je me
vois mal critiquer quoi que ce soit alors que bientôt les élections
françaises auront lieu et que je suis déprimée d'avance quand je
vois les candidats, leurs discours, leurs idées.
En attendant le jour
de l'élection on a vu des US blessés, des gens terrifiés, pleurant
d'un côté et un bonheur ineffable de l'autre. Donc des United
States plus du tout united.
Comme pour le Brexit
(que j'ai pris plus à cœur) les jeunes ont en majorité pensé
comme moi (contre le Brexit et pour Clinton) et ça me donne un
immense espoir.
Pourquoi ? Peu
importe ce sursaut de l'Homme blanc, peu importe sa peur le monde
change. Et personne ne peut se mettre en travers du progrès. Les
latinos sont en train de devenir la première communauté du pays et
c'est trop tard pour changer ça. La communauté LGBT+ est de plus en
plus visible. Les femmes prennent le pouvoir et brisent le plafond de
verre. Black lives matter. Et qu'on le veuille ou pas il y a de plus en plus de musulmans. C'est pas facile de faire partie de ce qu'on appelle une
minorité ou plutôt du côté des oppressés. Parce qu'on doit se
battre deux fois plus, parce qu'on a moins d'opportunité et parfois
l'impression d'être laissé pour compte. Mais on avance.
Désespérément lentement mais profondément. Les sociétés et les
modes de vie changent. Désolée les fachos. Non mais vraiment
désolée. Parce qu'en fait vous vous battez en vain. Et c'est une des choses les plus frustrantes qui existent au monde. Se battre contre les tendances du monde, se battre contre une vague de progrès, se battre contre l'augmentation d'une population, la fermeture des frontières. C'est un caprice d'enfant, c'est s'accrocher à son innocence. Et tu peux fermer les yeux en criant ça ne change rien. Les choses
vont changer. Vous ne pouvez pas garder en l'état votre mode de vie.
Bientôt le monde entier vivra en ville et tout le monde va devoir se
mélanger. Ça n'a plus de sens la couleur de peau ou la culture. Il
y a de moins en moins de gens qui ont une culture unique. C'est vraiment ça. Le mode de vie de nos grand-parents n'a plus de sens. Le monde tourne.
Les sangs de bourbe
arrivent et vous ne pouvez rien faire contre ça.
(Oui oui on se
refait la série des Harry Potter excusez la référence.)
Meilleure séquence de tous les Harry Potter
Plus
sérieusement. Je sais que c'est particulièrement touchant de voir
que 25 % de la population vote pour quelqu'un qui met la vie des
autres en danger et légitime les sentiments de colère et de haine.
Je sais que ça n'augure rien de bon pour la planète d'un point de
vue écologique. Que les quatre prochaines années vont être
épuisantes. Les armes à feu, les agressions et le racisme libéré
(déjà des dizaines de cas ont été recensés, parmi les plus
tristes : des enfants qui chantent à un groupe de présumés
autres enfants hispaniques qu'ils vont se retrouver du mauvais côté
du mur, les arrachages de voiles d'hommes blancs aux femmes
musulmanes et ce tag : Black lives don't matter, your
vote neither.). Moi je crois que ça va aller
mieux. De mieux en mieux. Parce qu'on va pas pouvoir faire autrement
que s'entraider à un moment.
Les sociétés
changent. Les conservateurs, aussi en colère qu'ils soient, ne
peuvent rien y changer.
Moi je veux juste
que les gens qui m'entourent soient heureux et j'ai l'espoir qu'ils
feront de même autour d'eux. Je veux voir grandir les enfants avec
des valeurs de respect, de tolérance, d'ouverture, de courage. Pas
qu'ils grandissent dans la peur et qu'on leur dise que ça va être
de pire en pire. C'est faux. Archi faux. Déjà parce que moi à mon
échelle je vais travailler pour que ça aille mieux.
J'ai hâte de vivre
dans ce monde où on sera mélangé. Mélangé mais uniques. On est
tous différents mais on a tous des points communs. Je regarde plutôt
ceux-ci.
Donc j'ai très
envie de prendre dans mes bras tout ceux qui ont peur, qui n'osent plus porter le voile, qui se demandent s'ils sont en sécurité, de prendre ces 8 enfants transsexuels qui se sont suicidés le jour de l'élection. De
les rassurer. Les temps sont durs mais ils ne dureront pas.
Et de l'autre côté
si je crois en des points communs entre chaque et si je veux éviter
que ça se reproduise en France, cette surprise de découvrir autant
de gens contre soi, alors je me suis dit qu'il faudrait que je
regarde ceux qui ont voté Donald Trump.
Je ne peux pas
continuer comme tous les médias à dire qu'ils sont ignorants, de
les prendre de haut. Nous n'avons pas les mêmes opinions mais ils
ont aussi des valeurs. Et pourquoi sont-ils en colère ? Ils ne
peuvent tous être racistes et sexistes.
Alors comment ?
Comment Trump a-t-il pu convaincre autant de personnes ? En
étant grossier et en mentant éhontément, mensonges révélés par
de nombreux médias.
C'est un vote
contestataire. Trump plutôt qu'Hillary. Ensuite les électeurs de
Trump et beaucoup d'autres, ne font plus confiance aux médias. Cette
rébellion c'est l'anti-système. Un mélange de colère contre les
élites, de besoin d'avoir un homme du peuple, de changer tout, de
peur que tout change et cet homme propose de protéger.
Nous allons nous
retrouver en France avec cette même fracture. Surtout si un candidat
de gauche fait face au candidat d'extrême droite.
Un des problèmes
est le manque d'écoute. Parce que oui il y a un fossé. Fossé entre
les générations, entre les hommes et les femmes. Et je me rends
compte que c'est aussi ce dont je parlais dans mon post avorté sur
le féminisme et le racisme.
Exemple :
beaucoup d'hommes se braquent quand on parle de féminisme,
considèrent ça comme de la mysandrie, se sentent agressés, disent
qu'on généralise et qu'on accuse injustement l'homme blanc, que les
hommes souffrent aussi. C'est dur de reconnaître qu'on fait partie
du bon côté d'un système injuste. Je suis blanche et j'ai mis du
temps à reconnaître que oui le système est raciste et j'en fais
partie et je suis du bon côté. Et oui oui oui vos souffrances sont
valides et oui encore oui je reconnais l'esclavagisme, le racisme de
tous les jours. Non le racisme anti-blanc n'existe pas. Oui je suis
du côté de l'oppresseur. Je suis désolée pour toutes les fois où
j'ai été raciste, même sans faire exprès. Voilà. J'entends vos
souffrances. Je comprends l'horreur de voir les noirs se faire tirer
dessus sans raison, je comprends que c'est parce qu'ils sont noirs.
J'écoute et je me tais parce que ce n'est pas ma voix de blanche que
l'on doit entendre mais les principaux intéressés.
Eh bien j'ai le
sentiment que je vais devoir apprendre à faire pareil. Ecouter ceux
dont les idées me font mal. Sortir de la douleur pour essayer de
comprendre.
Au sortir des
élections j'ai vu des gens fondre en larmes et d'autres sauter de
joie. Comment est-ce possible ? Des gens craindre pour leur vie
et d'autres célébrer. Impensable, deux vitesses, deux amériques.
Et je n'ai absolument aucun doute sur le fait qu'il peut se passer la
même chose en France. Je l'ai vu avec la manif pour tous qui m'a
dégoûtée. Je refuse de parler à ceux-là. Je refusais.
Il va falloir aller
dans les campagnes, parler aux vieux, parler aux chômeurs qui votent
pour des gens qui les traitent d'assistés. Au lieu de toujours
ramener le débat public et le focus des médias sur les thématiques
de l'islam.
La démagogie ça
marche toujours c'est même le principe. Parce qu'aussi étrange que
ça paraît Trump est un démagogue, il dit ce que son électorat
veut entendre … en partie du moins. Parce que la faisabilité de
ces propositions est limitée en général.
Il faut laisser la
parole et l'espace à deux catégories de la population, ceux qui ne
votent pas et ceux qui votent par colère. Il faut qu'on les écoute
parce que sinon on va être surpris encore et encore et à force de
les prendre de haut on va descendre bien bas.
Et ce sont des beaux
discours parce que c'est plus confortable de rester entouré de gens
qu'on aime. Je peux comprendre aussi que tout le monde n'en est pas
capable, demander à la communauté LGBT+ d'aller voir les
manifestants de la manif pour tous ? Des gens qui veulent leur
nuire. Demander aux noirs d'écouter les racistes... Je comprends que ça peut être au-dessus de leurs forces.
Ce serait tentant de
dire que c'est à eux de venir. Sauf qu'il faut bien que ça vienne
de quelqu'un cette volonté de vivre ensemble. Et l'électorat de MLP
va pas venir de lui-même.
Oh allez y'a de
l'espoir. Soyons le changement qu'on veut voir dans le monde
(Gandhi).
Petite playlist de vidéos pour se sentir mieux :
Tous les vlogs du monde de Loka : https://www.youtube.com/user/LokaVonCaramels
Tu n'es pas seul-e : https://www.youtube.com/watch?v=OV4LuhnPf2A
Dire je t'aime : https://www.youtube.com/watch?v=pIls4gwSWOY
Vous êtes l'évolution (discours de Charlie Chaplin) : https://www.youtube.com/watch?v=mHsC8np3wH8
Une dame anglaise qui tire le meilleur du Brexit : https://www.youtube.com/watch?v=4_HHCsA6ngE
Une autre dame qui réagit admirablement face aux tragédies du Bataclan : https://www.youtube.com/watch?v=hMIefZhqwc8
Et toutes les vidéos qui redonnent foi et espoir que vous pourrez trouver. Si vous avez envie de m'en faire découvrir pour remplir le monde de positivité envoyez moi des vidéos, je suis avide de ça.
Des bisous pour tous, ceux qui ont peur de perdre leurs droits et ceux qui ont peur de perdre leur mode de vie.
Séquence
racontage de vie en approche. Installez-vous et soyez jaloux pour quelques
secondes (et restez pas jaloux plus de quelques secondes vous aussi partez
faire une aventure ou découvrir de nouvelles choses).
Ce week-end
c’était Thanksgiving, pour nous les européens ça veut rien dire et ici c’est
une sorte de réunion familiale ou on mange de la viande. Ça n’a pas l’air aussi
important que noël (et y’a pas de cadeaux) mais c’est plutôt sympa. Si je ne
dis pas de bêtise c’est une tradition autochtone qui a été un peu remasterisée
(autochtone désigne les indiens d’Amérique du Nord).
Bon c’est
bien beau tout ça mais quel rapport ? Et ben c’est férié le jour de Grâce (le
lundi) ! Du coup hop je prends mes strings et mes tongs et je m’en vais dans le
Sud !
Vous vous en
doutez bien, ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça mais grosso modo je
suis partie avec 4 autres sciencepistes dans la ville qu’on qualifie de New
York canadienne. C’est la plus grosse ville du Canada avec 2,615 millions
d’habitants et plus de 6 millions en zone urbaine, dans un pays qui en compte
36 millions ça fait beaucoup.
Le réseau
ferré étant pas de ouf développé au Canada on voyage pas mal par bus (Greyhound
c’est la vie) c’est moins cher et plutôt bien fait. Donc je suis partie le
vendredi à 18h pour repartir le lundi à 14h. Le trajet a duré 5h30/6h à l’aller
et 7h au retour (gracias aux bouchons). Et étonnamment c’était pas si long. A
condition d’avoir son portable chargé, ou un livre, et une place près de la
fenêtre (contre laquelle on peut s’appuyer). En soi l’une des trois conditions
peut suffire parce qu’on a de la place, que personne n’embête personne et que
c’est confortable.
Je sors du
travail, excitée comme jaja et hop on prend le bus (qui avait un problème de
clim donc on a étouffé sous la chaleur pendant tout le trajet… vraiment … je me
suis demandée à un moment si mon sang pouvait bouillir. Guess what ? Non sinon
on meurt.). On arrive dans Toronto vers minuit et c’est le moment de trouver
notre air bnb. On traverse donc la ville en nocturne et c’est plutôt magnifique
(on passe dans le campus, devant l’assemblée législative …) et nous voilà
arrivés (enfin) devant notre adresse.
Pas très
engageante, c’est une petite porte entièrement taguée à côté d’un grec, la
boîte aux lettres où on récupère nos clés possède 2 énormes cadenas. A
l’intérieur un escalier exigu et une lettre qui explique que le chauffage
marche pour tout l’immeuble donc si un gentil rigolo le baisse à 10 tout le
monde se gèle les miches. Mais une fois arrivés c’est une bonne surprise. C’est
même très sympa ! Une cuisine avec de l’ardoise sur les placards (et des
dédicaces du monde entier dessus) une petite salle de bain, un lit deux places,
un canapé une place et un matelas gonflable 2 places. D’ailleurs le matelas est
un peu raplapla.
Les garçons
le prennent et les rôles changeront. Il est 1h demain c’est lever 5h je
m’endors en deux secondes mais j’entends en bruit de fond que ça met du Jul
(Lourd.) et que ça rigole pas mal (ils assumeront pas deux jours plus tard).
Samedi
encore dans la nuit. 5h. Bonjour nos têtes. On fait les sacs, une petite virée
à 50m pour acheter des paquets de croissant (et on remercie le système
américain où les supermarchés sont ouverts toute la nuit) et uber direction la
gare pour prendre un bus.
Le chauffeur
est kurde, on discute de la France et de la Turquie, on rigole. Ça sent
l’aventure et la tête du matin dans son taxi. On rigole avec nos voix graves
matinales encore pas tout à fait réveillés. On est en avance alors on fait un
tour et on voit un raton laveur obèse qui fait sa vie.
C’est
marrant le matin. J’aime bien ça. Quand tout le monde dort, on se retrouve seul
dans le silence et aux gigantesques constructions humaines. C’est comme un
secret le matin.
Bref on
arrive aussi sur une place avec des écrans géants allumés partout, on chante
New York on se prend pour des stars. On s’en fout y’a personne.
Un gars
finalement vient nous parler pour nous dire que New York faut pas y aller pour
le nouvel an c’est trop bondé, il le sait parce qu’il l’a fait 5 fois (nik la
logik).
Bernie <3
Finalement
on prend le bus direction Niagara Falls (la ville s’appelle littéralement Les
Chutes de Niagara … du coup je me demande Niagara c’est qui/quoi ?).
Et on arrive
dans une station hantée… réellement. On dirait une gare routière fermée dans la
Creuse. On met 25 minutes avant d’apercevoir quelqu’un (bon ok les gens aiment
faire la grasse mat mais c’est abusé quand même). On voit des bâtiments fermés
avec des planches aux fenêtres. Wallah
c’est vide Niagara Falls. Sauf que ce n’est que le début …
Après 25
minutes de marches en longeant la rivière il commence à pleuvoir. Ok la météo
nous avait prévenu mais on passe vite d’une petite drache à la bonne pluie.
J’ai un léger sweat et chacun de mes compatriotes a un parapluie ou un poncho
ou une capuche. Au pire j’ai une casquette me dis-je. J’avoue à ce point de
l’histoire j’ai le seum et je suis mouillée et tout le monde se fout de ma
gueule.
On arrive
donc aux chutes qu’on voit sous les nuages et sous la pluie mais wow. Il a
trois chutes et elles sont larges. C’est très beau, surtout quand on ira voir
juste au-dessus le moment où des milliers de litres se déversent de manière
hypnotique dans le vide.
Ce qui me
fait rire c’est l’invasion asiatique sur les bateaux et en face, sur le côté
américain. Ils ont tous les k-way colorés donnés par les compagnies de bateau.
On voit donc des centaines de fourmis roses d’un côté et de jaunes de l’autre.
Moi ça me fait rire. J’ai une allure bizarre avec mon écharpe de toutes les
couleurs et ma dégaine de chien mouillé.
On va sous
les chutes et puis on meurt de faim alors direction la partie Las Vegas. Parce
que oui Niagara Falls c’est un mélange de Détroit, de truc naturel magistral
avec de l’eau et de mini Las Vegas. L’allée des fastfood ressemble à Disneyland.
On est plus que surpris, l’ambiance est trop bizarre. Bon bien sûr le grand
garçon du groupe décide de courir après les mouettes et notre photographe en
titre fait des clichés sublimes et notre diseuse de conneries dit des conneries
mais ça va elle est marrante. On valide.
L’aprèm on
visite Toronto (qu’on voit enfin sous le soleil… ah oui j’ai oublié de
préciser : la pluie s’est enfin arrêtée et j’ai fini par sécher). On
voulait absolument voir le coucher de soleil sur Toronto et on l’aurait raté à
cause de l’heure de queue donc à la place on se balade. Au dernier moment
Aïssatou (la diseuse de conneries) réussit à récupérer une place pour le
concert de Drake le soir-même (concert qui était mémorable d’après ses nombreux
snaps). Et on va manger avec une science piste torontoise (COUCOU JULIE). Elle
nous parle de sa vida loca et nous de notre dolce vida dans une brasserie irlandaise
sur un bord de lac (poésie tmtc) et on a galéré pour trouver un truc ouvert à
20h un samedi soir sur la plus grande ville du Canada. Y’avait personne
d’ailleurs. On finit dans un bar/maison vraiment sympatoche et hop retour au
lit.
Joyeuse
découverte : le matelas a dégonflé de 1/3. On adore.
Je dors
toujours pas dedans mais les deux filles disparaissent dans ce matelas/hamac
qui va finir par toucher le sol.
Le lendemain
matin on visite la ville et on prend notre premier breakfast à la bacon nation
(j’ai même pas pris de bacon). Chinatown, Little Italy, Korean place, le
quartier du campus, le centre business, le petit marché un peu hype vegan.
Autant de quartiers et d’ambiances différentes. En marchant on voit même une
église avec un drapeau LGBT. D’ailleurs des drapeaux arc-en-ciel on en voit
partout ! Y compris sur les devants des hôpitaux (hôpitaux et centres de
recherche pour le cœur, les enfants malades ou le cancer gigantissimes en plein
milieu du centre ville).
On finit par
monter à la CN Tower. Alors que je pensais avoir vaincu mon vertige depuis des
années je retrouve ce frisson intense sur toute ma colonne vertébrale et les
membres qui tremblent (ma face pas rassurée a été prise en vidéo) quand je
monte (rapidement) sur le plancher de verre (mdr si vous voulez suicidez vous
mais c’est pas pour moi je connais mon histoire, 9/11 toussa toussa on est
jamais à l’abri d’un avion). Le resto a des prix abordables (contrairement à
celui sur la tour Eiffel) mais on redescend (on ne va PAS à l’aquarium pour ma
grande déception, pourtant j’adore les aquariums) et on mange chinois pour
Thanksgiving.
[Ellipse
rapide : on rentre, ces fragiles qui m’accompagnent sont crevés, à part
Aïssatou et donc on ne sort pas. Par contre on découvre qu’elle est Serdaigle sur
Pottermore et je dors par terre parce que le matelas est décédé.]
Le lendemain
matin on part en Bretagne. Bon pas vraiment mais presque. Toronto est en
bordure d’un lac immense (canadien quoi) et il y a une sorte d’île. Le billet
de bateau est donné (7$ A/R). On était seuls sur cette île toute verte et sans
écureuils, presque inhabitée avec des plages et ce qu’on prendrait pour un
accès à la mer. On a vu Toronto de loin et fait des photos superbes. Et aussi
vite que c’est arrivé on a dû reprendre le bus pour rentrer.
Substantiellement
c’était bien. Vraiment.
Je ne suis
pas une guide du routard mais personnellement j’ai apprécié la vivacité et la
diversité de Toronto, être étourdie par les gratte-ciels puis apaisée par la
mer, cocoonée dans les petits quartiers résidentiels et éblouie par les
lumières de Chinatown. C’est pas trop trop cher et ça vaut le détour. Au moins
pour deux jours histoire de se balader au travers des ambiances.
Je
suis loin de chez moi. C’est pas nouveau je le répète à chaque
nouvel article, à la fin on l’aura compris.
Suis-je
dépaysée ? Oui par certains aspects, c’est pour ça que j’ai
commencé la série Ce
qui change (on
notera le titre original) mais globalement pas trop. Je suis dans une
ville occidentale, j’ai tout à portée de main, je mange la même
chose ou presque qu’en France. Fondamentalement mon mode de vie
n’est pas si différent. Et ce n’est pas anormal et je ne m’en
plains pas. C’est évident qu’une routine s’impose et
heureusement.
Je
vais au travail 5 jours par semaine, j’ai entraînement deux fois,
je fais des lessives, je check mes mails, mes notifications, je
regarde des vidéos, des séries, j’écris sur mon forum, je poste
un article.
Non
être immigrée (ce n’est pas parce que je suis blanche et
française que je suis une expatriée, j’ai la même définition
qu’un immigré, un travailleur qui quitte sa terre natale pour
s’installer ailleurs) ce n’est pas forcément sortir de sa zone
de confort, ce n’est pas forcément vivre une vie d’aventures, de
surprises, de découvertes. Il y en a, comme la fois où je suis
allée voir le festival de montgolfières, comme cette croisière sur
le fleuve. Il y en aura quand l’hiver viendra et même ce week-end
à Toronto mais en général ma vie c’est pas un film.
Et
pourtant dans ma tête si.
Déjà
internet est un facteur de rêve constant. Les réseaux sociaux me
montrent un tas d’histoires et d’opportunités de partir faire le
tour du monde, d’expériences de gens qui l’ont fait. Ou même de
façon moins directe des photos magnifiques prises au quatre coins du
monde qui donnent envie d’y être. Encore mieux, je suis dans la
promotion de SciencesPo qui part cette année. On est en 3ème
année donc on doit partir à l’étranger et ça veut dire des
centaines d’amis, de potes, de connaissances partout sur la
planète. C’est une opportunité de folie. Chacun partage à son
niveau, à son envie mais sur mon fil d’actualités le vent du
large frappe fort. Sur facebook mais aussi sur snapchat, sur les
blogs, les instagram. Certains sont bientôt en vacances d’hiver
(l’hémisphère sud), d’autres profitent en postant des photos
d’échappées pendant les week-end ou de sorties avec des natifs du
pays.
Cette
surexposition crée un envie de m’envoler. Mais moi aussi je me
suis envolée non ? Eh bien je me suis installée surtout. Mes
envolées ce seront mes petits voyages tout au long de l’année. Ma
mère est partie elle aussi quand elle était plus jeune, deux ans.
Et je ne peux que constater à quel point le voyage est différent.
Elle est partie deux ans, seule, en bougeant de pays en pays à
travers l’Asie. Je pars un an travailler au Canada. Les expériences
sont diamétralement opposées. Parce que je ne sors pas de ma zone
de confort.
Et
comme en France j’ai la même envie de … partir.
Sacré virus que celui de vouloir s’envoler. Et que personne ne me
sorte la chanson de Louane. Mes chers parents je vole … ils peuvent
venir avec moi mes chers parents ça me dérange pas tant que je vois
le Machu picchu, le temple d’Angkor, les pyramides d’Egypte, le
grand Canyon, le Sahara, la Sibérie. Rien que d’en parler j’ai
des frissons dans les jambes.
Je
vis donc un bien étrange paradoxe. Celui de partir et de vouloir
partir. En tête j’ai des monstrueux voyages, accompagnée ou
seule. Et j’ai peur que ça soit pas mal de l’idéalisation ou
une recherche infinie pour résoudre l’insatisfaction (pas mal le
titre de thèse de psycho). Parce qu’après tout je suis dans ma
zone de confort (je l’ai pas assez répété il me semble). Je peux
rêver tant que je veux sans oser pour autant. En plus je suis
partie, qu’est-ce que je veux de plus ? Est-ce que ça serait pas
une illusion ? Non non non j’essaie de me convaincre que non j’ai
envie de voyager, de prendre mes bottes ou une voiture et d’aller
autre part. Pas pour travailler comme but principal, pour découvrir.
Je
pensais que cette 3A c’était la totale liberté. Et c’est pas
tout à fait faux, je découvre qui je suis. Je ne connais personne
ici alors je m’en fous. Je peux faire ce que je veux en sortant du
travail et les week-end, j’ai aucun devoir. Mais je ne suis pas sur
les routes, à aller où mes pas me portent.
Après
tout… tant mieux. Je suis d’autant plus excitée pour les
vacances qui arrivent. Dans quelques jours à peine je vais voir les
chutes du Niagara. Je vais passer Noël à New York avec mes gens
préférés de cette vie et je vais aussi aller à Toronto, Montréal,
New York encore. Je vais aller faire des raquettes, faire du ski de
fond et du chien de traîneaux. Ça va pas être tout le temps
l’aventure mais déjà c’est pas mal. Et puis ça me laisse le
temps de rêver aux futurs voyages.
Un
petit échantillon : marcher sur les chemins de Compostelle avec
ma petite sœur (elle va être ravie de l’apprendre tiens), aller
dans les montagnes de la cordillère des Andes (Perou, Argentine,
Chili peu m’importe mais en America latina s’il vous plaît) avec
ma meilleure amie, Moscou et Saint Petersbourgh en famille, le tour
des côtes bretonnes en un été, l’Ecosse en poney (le rêve),
l’Islande en itinérant (avec des potes ?), le Mali et le Sénégal,
la jungle africaine (oui bonjour les clichés merci je sais même pas
dans quel pays je verrais ça), l’Iran et ses paysages qui me font
tant envie (seule peut-être), et l’Asie… le Japon, l’Indonésie,
l’Inde tout court (MDR TRO MARRAN), les rizières (je rigole même
pas j’en ai jamais vu en vrai), la Thaïlande, le Cambodge, le
Laos…
Je
suis jeune mais je stresse déjà à l’idée de ne pas avoir assez
de temps.
En
attendant il faut que j’apprenne à apprécier ce que j’ai. Ma
zone de confort en tout cas… peut-être que je la regretterai plus
tard on sait jamais. Carpe Diem. Parce que si je rêve trop je risque
d’oublier de profiter.
PS :
Un article qui explique pourquoi j’ai pas envie d’être appelée
expatriée. On est tous dans la même gadoue.
http://www.lactualite.com/societe/la-difference-entre-les-immigres-et-les-expatries/