lundi 6 février 2017

L’Amérique

Il y a un mois, plus d’un mois maintenant je suis partie aux États-Unis. C’était la première fois. Et contrairement à beaucoup de gens de mon âge et de pas mon âge à travers le monde, les États-Unis m’ont jamais fait rêvé. Peut-être parce que y’a un côté antisystème à être anti-américain. Peut-être parce que je suis l’arrogance à la française.
Je suis allée à New York pour y rencontrer ma famille et passer Noël. On est aussi passés par Boston en fin de trajet.
Je vous évite l’arrêt cardiaque quand en partant d’Ottawa je me suis rendue compte que j’avais pris mes billets pour la semaine d’avant (et j’ai dû faire des changements et rester dans une gare à Montréal sans savoir si j’aurais le bus le soir même à minuit.
On dormait à Brooklyn dans un appartement surchauffé, dans un quartier animé. Très animé entre les éclats de voix parce que quelqu’un était rentré en pleine nuit et que la voisine l’a viré en gueulant (il devait être 3h) ou encore le léger accident de voiture qui a néanmoins bloqué le klaxon pendant une bonne vingtaine de minutes (toujours en pleine nuit), réveillant littéralement tout le quartier, créant un attroupement juste en face de chez nous et ameutant les policiers.
Je ne sais pas comment je pourrais tout à fait retranscrire mon sentiment sur New York. J’ai été rassurée sur les américains juste avant la prise de pouvoir de Trump, j’ai aussi été prise de court par leur société. Dans les deux sens du terme. Ce serait bateau de dire que les États-Unis renferment le pire et le meilleur de l’Homme. Et pourtant …
D’un côté j’ai assisté à une messe évangéliste dans lequel tout le monde chantait, criait ce qu’il avait sur le cœur, ils nous ont serré la main, nous ont accueilli. J’ai vu le désir du pasteur-prêtre-moine (pardon je ne suis pas calée en religion) de ramener les jeunes noirs (oui parce que les seuls blancs de la messe étaient des touristes comme nous) hors de la violence, de la haine, de les pousser à étudier encore. C’était plus qu’une messe c’était un discours. Et malgré la durée de la messe j’ai été fascinée, j’ai cru discerner un léger bout de ce qu’est l’âme des États-Unis. Une culture noire qui n’a pas forcément été médiatisée. Une de ces cultures qui font la richesse de ce pays et qu’on oublie trop. Parce que c’est dans ces quartiers de Brooklyn que je me suis sentie le plus à l’aise. Imaginez un peu que quelques kilomètres plus loin, entre la mer et le quartier russe il y avait le Brooklyn richissime. Des maisons en forme de villa, de palais, immenses et décorées comme jamais. Nous sommes allés voir les « illuminations » c'est-à-dire des maisons entièrement recouvertes de lumières de noël, des soldats géants automatisés, des arbres sertis de LED, des pères noëls et des rennes partout. Ça m’a littéralement rendu dingue. Je me suis imaginée les milliers de dollars dépensés pour … être mieux que le voisin ? Faire plaisir aux touristes ou aux pauvres venant voir les lumières de noël. J’ai littéralement halluciné devant l’étalage des richesses. Et c’est un peu ce que New York m’a montré. Un Manhattan blanc (du moins dans les restaurants, hôtels, clubs…) et un Harlem noir. Un quartier chinois à côté du quartier italien. Des identités fortes, des richesses disparates.
Je ne sais pas trop quoi en penser, je ne juge pas, je me contente d’observer. Un soir en rentrant en métro on a vu des musiciens de rue faire danser 3 jeunes femmes aux styles et aux coiffures typiquement new yorkais (je ne sais pas comment appeler ça autrement, c’est un délire la mode à NY, beaucoup de manteaux de fourrures et de mix de textures). Un après-midi dans un magasin de sport un homme est venu nous parler pour nous dire qu’Hollande c’était de la merde, que la France n’était plus la France et que Trump venait sauver le pays. J’ai mis 3h avant de reprendre un rythme cardiaque stable et espoir en l’humanité (Je précise que l’homme en question était né de parents immigrés allemands et que sa femme était ukrainienne naturalisée).
J’ai été déçue par la statue de la liberté et bouche bée par le pont de Brooklyn. J’ai adoré Central Park, poumon de la ville, et le Met qui est si beau qu’il défierait presque le Louvre (arrogance à la française j’ai dit ?). Il a neigé, il a plu, il a fait beau et froid. On a eu de la chance de voir tout ça en seulement quelques jours. On a mangé des immenses hamburgers et des cheesecakes. On est montés sur des immeubles qui touchaient le ciel sans comprendre l’urbanisation chaotique de la ville. Après on a visité le musée de New York et on a compris les règles bizarres de la cité qui ne dort jamais. On a vu un morne Wall Street et un Greenwich Village charmant. On a visité le monument érigé pour les victimes du 11 septembre et je l’ai trouvé bien. Pudique et marquant.
J’ai été surprise de voir Ellis Island, l’île qui a créé l’Amérique, une terre d’apatrides, de réfugiés, d’immigrés qui ont tout quittés pour construire autre chose. J’ai encore moins compris les américains.
Ensuite nous sommes allés à Boston. La ville des Kennedy. Une ville de bord de mer à l’allure anglaise/irlandaise. On avait parfois l’impression de se déplacer dans les décors de Sherlock Holmes. On a suivi un fil sur le sol qui faisait découvrir la ville. On a beaucoup marché, y compris sur un pont branlant qui nous a filé des frayeurs (bon il n’était pas branlant mais transparent, c’était stressant quand même).
C’est là-bas que je suis repartie en bus, les larmes plein les yeux. Comme une chouineuse.
J’ai rien compris aux américains, ils brouillent les musées et les idées, ils vivent follement fort et ils créent, ils montent vers le ciel et gueulent fort.
Les ricains vraiment… c’est quelque chose.
Mais j’suis pas mécontente de rentrer au Canada, le pays des gentils.
Et je serais pas mécontente de rentrer en France dans quelques mois. Même si je vais y retrouver l’ambiance tendu, terrible de l’élection qui s’annonce être vitale pour l’avenir de l’Europe, de la France, de mon optimisme. Allez on y croit !

Et voici une petite suggestion de musique qui me file les frissons :

samedi 14 janvier 2017

Mon travail dans l'édition

Eh bien eh bien me revoici ! Ça fait deux semaines que j'ai repris le travail, soit l'équivalent de mes vacances. Mes vacances qui furent assez mémorables. Je les raconterai dans le prochain post mais aujourd'hui je me suis dit que ça pouvait intéresser certaines personnes si je parlais de mon travail.
Techniquement mon stage fait partie de ma troisième année d'études post bac, je suis toujours étudiante de SciencesPo, il dure 8 mois (avec 2 semaines de congé comprises) et est à temps plein.
Je suis dans une maison d'édition francophone basée en Ontario (province majoritairement anglophone) et plus précisément à Ottawa (Ottawa est la capitale du Canada et à la frontière du Québec qui est la province francophone). Il y a plus de 250 000 francophones dans l'Ontario.
Je présente ici une carte :

On peut voir les deux villes principales : Toronto (appelée la mini New York) et Ottawa (ville avec beaucoup d'institutions publiques dont le Parlement). L'Ontario est principalement peuplé dans le Sud et l'Est.
Avant de venir au secteur de l'édition en particulier, j'ai besoin de faire un point sur la géographie et l'importance de la langue française pour les francophones. Selon la francophonie des amériques, hors Québec les francophones du Canada représentent 4,5 % de la population, soit environ la même proportion que les autochtones (Indiens d'Amériques, Premières Nations, Amérindiens, appelez-les comme vous le désirez) sauf dans la province du Nouveau Brunswick où ils sont 1/3 de la population.
Selon Wikipédia, les chiffres de 2011 montrent que les canadiens francophones représentent 30 % de toute la population. C'est un chiffre bien plus grand que je ne me l'étais imaginé et pourtant ça ne se ressent pas du tout (à part au Québec, province très à part qui demande son indépendance depuis un bout de temps, Vive le Québec libre toussa toussa).
Il existe véritablement une fracture entre anglophone et francophone, ce n'est pas seulement au niveau de la langue même si maintenant, j'ai le sentiment que c'en est devenu le symbole. Au départ ce fut la guerre entre Anglais et Français, puis les américains (US) qui voulaient envahir le Canada. Historiquement je ne vais pas rentrer dans les détails mais il y a eu de nombreux conflits. Au sein même du Canada, les francophones étaient catholiques et les anglophones étaient protestants, il y avait donc une fracture religieuse.
On ressent même différents esprits entre les anglo et les franco (ils s'appellent comme ça). Par exemple entre Toronto et Montréal, si vous avez la chance de visiter les deux villes, on peut constater une différence au niveau de l'architecture, dans les bars… et encore je ne suis là que pour 8 mois alors je n'y connais pas grand-chose et je n'ai pas la prétention de saisir toutes les nuances de cette fracture.
En dehors du Québec la voix des francophones est restreinte, on peut noter par exemple le Règlement 17 en 1912 qui astreignait l'emploi du français à l'enseignement de cette langue seulement. Règlement 17 qui a été aboli mais qui reste très présent en tant que symbole dans la lutte pour sauvegarder le français. Je n'en avais strictement aucune idée quand je suis arrivée, j'étais comme tous les français qui imaginent l'accent québecois comme les humoristes l'imitent. En vérité il y a bien plus d'un accent français au Canada, je vous renvoie à cette vidéo :


Donc l'emploi du français c'est très important et c'est une véritable lutte et fierté que portent tous les franco hors Québec, en Ontario on les appelle les Franco-Ontariens. Cette fierté farouche vient de la menace de l'anglais. En France on se fiche d'angliciser des mots et on les utilise sans faire attention (puisqu'on le fait mal et qu'on le prononce à la française) : Week-end, parking, basket, Brian is in the kitchen. Ici tout le monde est bilingue (ou presque) et il est facile de switcher d'une langue à l'autre you know. La plupart des jeunes franco parlent d'ailleurs les deux langues dans un mélange pimenté avec l'accent c'est un vrai régal (mais ça va au bout d'un moment on s'y fait et on prend la même habitude).
Vendre des livres francophones c'est un défi, tout comme les publier. Le but est d'assembler et de jouer sur la fibre patriotique des francophones et de rassembler cette population éparpillée et « envahie ». Ils sont beaucoup plus pointilleux sur l'emploi du français (au niveau de la ponctuation je n'ai pas le droit de prendre des guillemets anglais ou l'apostrophe anglais par exemple), ils traduisent tous les mots à consonance anglais. C'est là qu'on voit l'enjeu d'une langue, représentante d'un peuple.
Les maisons d'édition hors Québec bénéficient souvent d'aides de l’État et sont en concurrence acharnée et déloyale avec les maisons québecoises qui ont envahi le marché. Ou alors les traductions de livres anglais connus.
Les Editions David pour lesquelles je travaille, se portent, de mon point de vue, plutôt bien, avec une vingtaine de livres qui sortent par an dans plusieurs collections : poésie, romans, romans jeunesse.
Moi je suis stagiaire, alors je n'ai pas un poste prédéfini mais on peut dire que je suis adjointe aux communications. Je m'occupe de toutes sortes de tâches, très différentes les unes des autres.
D'abord je m'occupe de l'aspect communications (obviously), c'est à dire que j'essaie de donner de la visibilité à un livre ou à un auteur, à assurer une présence continue sur les réseaux sociaux (sites, facebook, twitter). Dans le même esprit je m'occupe de la revue de presse, je classe tous les articles sortis sur nos livres ou auteurs ou récompenses.
J'ai aussi la chance de lire des manuscrits pour donner mon avis afin de guider soit l'éditeur dans ses corrections mais plus souvent à l'auteur pour qu'il corrige les plus gros défauts. Je lis surtout des livres jeunesse vu que je suis la plus jeune au bureau.
J'essaie aussi de décharger le travail de ma collègue en effectuant des traductions pour des catalogues, des résumés, des infolettres …
En ce moment je m'occupe énormément d'un concours d'écriture à visée des franco-ontariens dont le thème est La première fois que… Je reçois les textes, les classe, les lis, répond aux participants, les anime et j'essaie de les encourager et de les aider. Je m'occuperai de la pré-sélection avant le jury quand j'aurais reçu tous les textes. Ils en choisiront certains et un recueil sera publié.
Je gère aussi l'aspect des envois de presse et le suivi auprès de certains journalistes ou associations, encore une fois pour donner de la visibilité à un livre.
J'ai participé à trois salons dans lesquels j'étais en stand afin d'aider, d'accompagner, de surveiller et de parfois tenir la caisse (Hawkesburry, Montréal et Toronto).
Je fais pleins d'autres petites tâches mais vous savez maintenant ce que je fais de mes journées !

Bon et bien moi j'ai mon linge à aller chercher alors je vous dis à très bientôt pour vous parler de New York


(PS : après la neige puis un redoux puis la pluie il caille et y'a du verglas partout. J'adore.)

lundi 12 décembre 2016

Sur la difficulté de survivre en milieu hostile

Article promis article écrit !
Et je crois que mon timing n’aurait pas pu être meilleur… il y a entre 10 et 15 centimètres de neige à Ottawa et jeudi on prévoit du ressenti de -25 à -30. Ouais c’est pas l’Espagne quoi.
Hier je suis rentrée à pieds et c’était magique, les routes étaient recouvertes d’une neige vierge. La neige, personnellement, je trouve ça apaisant, la neige fraîchement tombée on s’entend (quand elle est encore blanche et propre).
La neige c’est très beau et agréable… quand tu es à l’intérieur. Dehors tu as les poils de nez qui gèlent tu galères à fermer ta veste (parce qu’au Canada les fermetures éclairs sont inversées), et tu dois enlever et mettre tes gants à chaque fois que tu veux changer de chanson.
J’ai aussi une grosse doudoune avec de la fourrure. Elle est trop bien c’est mon doudou. Mais elle me rend aveugle. Par miracle je suis rentrée dans personne…
Qui dit neige, dira plus tard verglas et bon courage pour ne pas tomber dans une montée. D’ailleurs au Canada il existe aussi des pluies verglaçantes, donc là y’a même pas d’intermédiaire c’est la merde direct.
La neige c’est marrant et fun mais d’un autre côté c’est aussi dangereux. La plupart des voitures roulent doucement et pourtant sans chaînes à neige (alors que je dois enjamber pour marcher sur certains trottoirs).


Le trafic des bus est ralenti et les bus qui arrivent sont bondés (ô joie. Ça me rappelle de doux souvenirs du métro parisien.). En plus de ça j’ai cru voir que la rivière commence à se geler.
En tout cas c’est botte obligatoire et quand il ne neige plus on peut voir les paillettes scintiller dans la neige (oui parce que ça fait des paillettes en reflétant la lumière…). Le mieux avec la neige c’est le calme quand il fait nuit et qu’on se sent seul dans cette grande ville toute blanche. Oui parce que c’est aussi la première fois que je vois une ville avec autant de neige (c’est pas à Paris qu’il neigerait comme ça). Tout le monde s’est transformé en bibendum et encore, tous les canadiens m’ont dit que le pire arrive en janvier et février. Je me demande comment je vais faire vu que j’ai déjà sur moi toutes les peaux de bêtes que je peux (la fourrure vraie ou fausse isole très bien.).
Surprise aussi : les écureuils sont toujours vivants, ils réapparaissent de temps en temps sur les arbres.
Petite chronologie de la neige : 28 octobre première légère neige qui a duré 1 jour
20 novembre je rentre en train de Montréal et s’il pleuvait là-bas une neige abondante tombe ici. Et c’était trop mignon. À partir de ce moment la neige est restée et cette dernière semaine il en est tombé des couches et des couches par-dessus. Moi ça va je m’en plains pas… mais certains sont en PLS … suivez mon regard.


J’ai même vu des gens faire de la luge dans un parc (l’idée est retenue pour bientôt).
Mais la neige et l’hiver ça veut dire qu’il fait nuit très tôt. Quand je sors du travail par exemple. Ça donne très envie de faire des choses (non.).
Mais j’ai une piscine chauffée … et ça c’est cool.
Je crois que mon corps s’est habitué au froid pour l’instant mais je ricane doucement vu que toute ma famille arrive vendredi à New York où il neigera peut-être la semaine prochaine… rira bien qui rira le dernier.
Et tous les étudiants australiens, d’Amérique latine ou que sais-je encore… ne faites pas trop les malins. On devient des sur-hommes dans le Nord. (Et je parle pas de Roubaix ou de Dunkerque).
Depuis la fin de cet article il y a en fait 17 cm de neige.

Bref j’en ai pas fini avec l’hiver.

jeudi 8 décembre 2016

Winter is coming

Winter is sacrament d'ben là diraient les canadiens (ou pas je ne veux pas vous offenser pardonnez-moi).
J’ai eu un mois de folie


Laissez-moi vous expliquer. Je travaille dans une maison d’édition francophone, basée en Ontario, et ce mois-ci il y avait deux Salons du livre, l’un à Montréal, l’autre à Toronto, deux ambiances complètement différentes, j’ai travaillé aux deux pendant 4 à 5 jours.
Déjà je fais un petit point sur mon stage, nous sommes trois à temps plein à nous occuper de cette maison d’édition et entre 10 et 20 livres sortent chaque année, des livres ados et adultes. Moi mon travail consiste en : m’occuper des réseaux sociaux (écrire des twit, des posts, des blogues), de tenir la couverture médiatique à jour, d’effectuer les envois de presse, je fais parfois des traductions, j’écris des résumés pour les catalogues, je m’occupe d’un concours d’écriture (réception des textes, organisation, pré-lecture, animation d’un groupe de conseils) … et bien sûr, on me demande parfois de lire un manuscrit pour donner mon avis. Je ne m’occupe ni de la partie financière, ni de la partie édition. Voilà pour les curieux.
Et j’ai eu la chance d’aller à Montréal (et Toronto) tous frais payés (toi-même tu sais l’hôtel  et le train). L’ambiance d’un salon ? [Disclaimer : j’ai vraiment beaucoup aimé mais pour l’écriture de cet article je m’autorise un ton piquant et cynique] Du monde, beaucoup. Imaginez-vous le parc des expositions avec le brouhaha ambiant et passer 8h dedans. Le premier soir j’ai eu une des premières migraines de ma vie. Un salon c’est aussi des enfants. Et des petits vieux. PLEINS D’ENFANTS d’ailleurs. Qui collectionnent les choses gratuites (donc les marque-pages), marchent dans les pattes, crient ou pleurent, bon ok certains sont gentils mais c’est l’exception qui confirme la règle. J’ai la chance aussi de vraiment bien m’entendre avec l’équipe avec qui je travaille. Donc ça équilibre.
Et puis il y a plein de livres partout, j’ai pu voir que des grands éditeurs français prenaient une place importante, alors imaginez moi dans mon petit stand des éditeurs canadiens, francophones, hors Québec. On fait pas le poids mais au moins on est là. Acheter un livre dans mon stand c’est presque un acte politique.


J’avoue que quand je rentrais dans le salon il faisait nuit et quand j’en sortais … aussi. (Aaaah l’hiver.) Mais j’ai quand même pu visiter Montréal grâce à un merveilleux guide que j’ai nommé Coco (non pas la drogue non). Et dès ma fin de travail samedi après-midi on est allées faire tout un tas de trucs géniaux : visite de Montréal sous la pluie et longues discussions métaphysiques (aussi bizarre ça soit, j’ai kiffé), brunch des familles à s’en péter la panse, cinéma pour voir Les Animaux fantastiques. Montréal je t’aime fort, on se revoit l’année prochaine.
Ma gang d’Ottawa me manquait et je suis revenue, brièvement pour repartir à Toronto. J’avais déjà vu Toronto et c’est une toute autre ambiance, beaucoup plus américaine mais pas sans charme.
Le Salon était plus petit et pourtant toutes les écoles francophones et les écoles d’immersion qui proposent un programme en français doivent récupérer des livres ici (y’a pas des masses de livres francophones dans le sud de l’Ontario). Du coup hop 600 enfants par jour. Merci. Non je rigole. Tuez-moi.
Il y a eu à la fin un père noël qui m’a donné des chocolats grâce à une gentillesse désintéressée de ma part


Ce même père noël qui a mimé une crise d’épilepsie devant un enfant quand je lui ai demandé si ça allait. Et sa barbe tombait.
J’ai découvert que la poutine pouvait être classe : servie en apéro dans un petit récipient. Et j’ai bu un bloody caesar pour la première fois de ma vie (de la vodka avec … du sel de céleri ?).
Et aussi : j’ai visité quelque chose seule pour la première fois de ma vie. Bref plein de premières fois.
Je suis allée à l’aquarium de Toronto. J’adore les aquariums, c’est fun et apaisant, c’est cool un aquarium. Et puis j’étais déjà allée à Toronto donc j’avais déjà vu pas mal de choses. Donc direction l’aquarium un soir assez tard pour éviter les enfants. Pour ma défense j’ai  deux petites sœurs et une famille avec qui je fais tous les trucs culturels. Donc c’est pas que j’ai jamais visité quelque chose de ma vie, juste j’ai jamais eu l’occasion de le faire toute seule.
Verdict mitigé. C’était très cool (quoiqu’un peu cher pour ce que j’ai vu) mais il me manquait un truc. Je ne regrette pas mais j’aurais préféré partager ça avec quelqu’un.
On en a discuté avec ma bestah d’Ottawa, il y a des avantages et inconvénients pour les différentes façons de visiter et ça dépend de chacun. Certes j’ai eu tout le temps de voir ce dont j’avais envie, de traîner, d’être dans ma bulle mais d’un autre côté quand un poisson me fait rire je peux pas le partager, le montrer, l’imiter. Je me pose des questions, est-ce que voyager seule ça va me plaire finalement ? Peut-être que c’est l’âge ou ma personnalité. Je sais que j’ai besoin de moments de solitude mais j’ai aussi besoin des gens. #créaturesociable
Je suis revenue depuis dimanche, on a aussi fini la série des Harry Potter avec mon gang d’Ottawa et je suis dans l’attente de mes futures vacances (dans 8 jours !!!) et des retrouvailles avec ma famille. J’ai pleins de questions en tête, sur mes futurs voyages et sur mon futur master. Ma tête est pas mal remplie ces temps-ci.


C’était le bulletin d’informations de ma vie. Très bientôt, un post sur la neige, l’hiver, le froid, ressembler à rien quand tu sors et autres joyeusetés canadiennes.

dimanche 13 novembre 2016

Une élection, deux peuples

Bonjour bonjour les poulets


Ok ça fait quelques temps que je n'avais donné signe de vie. J'ai écrit un petit billet sur le féminisme, le racisme et la difficulté de dire pardon ou de reconnaître que l'on fait partie d'un système. Sauf que je me suis perdue, embrouillée et finalement j'avais l'impression d'aller nulle part. Je m'enfonçais dans un espèce de pathos humoristique teinté de confusion. C'était désagréable. Et surtout au fur et à mesure que je l'écrivais je me suis rendue compte que je ne savais pas assez et que je n'avais pas d'avis clairement défini sur la question. Donc j'ai laissé en suspens et comme dans ma vie il ne s'est pas passé des choses folles depuis je ne reviens que maintenant.
Voilà pour l'explication.

Petites nouvelles personnelles : à Ottawa il fait de plus en plus froid. Je ne fais plus de rugby car la saison est finie ou presque (après avoir été sur les terrains dans la ville d'à côté pour me faire poser un lapin par l'équipe DEUX FOIS dont une où j'étais sous la neige). J'ai dû arrêter en début de semaine mon programme sportif à cause d'une douleur à la cheville que je préfère ne pas faire empirer. J'ai aussi dansé toute une nuit pour l'anniversaire des 20 ans d'Aïssatou. Et j'ai eu les boules de ne pas avoir été à l'anniversaire des 18 ans de ma petite sœur. RAS il neige pas encore et les températures ne sont pas négatives.


Je me suis demandée de quoi je pouvais vous parler ici. Mon travail dans l'édition ? Mon programme sportif ? Des sujets personnels comme mon travail sur moi-même sur certains sujets ? Des sujets polémiques ou des pensées sur n'importe quel thème ? Ou tiens … si je rajoutais moi aussi mon avis sur un truc dont tout le monde parle depuis des jours.
QUELLE ORIGINALITE ? Hein ? Je sais je sais ne me remerciez pas.


L'élection de Donald Trump en tant que 45ème président des Etats-Unis.
Bon à titre personnel j'ai pas vu un seul débat, le rêve américain ne m'a jamais fait … rêvé et j'étais donc assez distancée émotionnellement par le résultat. Je n'ai pas eu à accuser le coup. Mais ça n'empêche pas que j'ai été surprise. Les sondages je n'y ai pas cru. Les médias sont très souvent du côté gauche de la politique ou du moins pas de l'extrême droite donc même en m'informant par les journaux je n'aurais rien vu venir. Et encore pire sur les réseaux sociaux, j'ai peu d'amis d'extrême droite et cela me créé une bulle virtuelle.
Cette élection n'est pas la fin du monde. Si on y réfléchit Trump n'a pas eu une victoire éclatante : il a obtenu moins de voix que Clinton (mais le système électoral des grands électeurs américains fait qu'il a la majorité des grands électeurs) et il a obtenu moins de voix que McCain en avait eu il y a 4 ans. La majorité des américains a donc voté Clinton et c'est un manque de mobilisation des électeurs démocrates (6 millions de moins qu'en 2008) qui a amené Trump à la victoire.
Bon reste quand même que 60 millions d'américains ont voté pour Trump. Je ne parlerai pas de la majorité invisible encore une fois qu'est l'abstentionnisme le grand gagnant de toutes les élections de ce monde.
Du point de vue de l'étranger ou du moins des médias c'est un cataclysme. Homme grossier, misogyne, raciste, xénophobe. Dans ses propositions on trouve : taxer les importations chinoises à 45 %, construire un mur de 1 600 kilomètres de long entre les US et le Mexique (payé par le Mexique), interdire l'entrée aux US des musulmans, la fin de l'Obamacare, l'arrêt du financement pour la réduction du climat (qui est pour Trump un hoax des chinois, une imposture pour rendre l'industrie américaine moins performante), un rapprochement avec la Russie, l'expulsion des 10 millions de migrants illégaux sur le territoire américain, la fin des accords de Paris mais aussi de l'ALENA (aussi connue sous le nom de NAFTA qui est un accord économique avec les pays de l'Amérique). Il veut nommer au ministère de l'éducation un créationniste et son vice président considère les gays comme une erreur.
Dans son discours populiste et démagogue, Trump se place du côté des pauvres face aux élites politiques dans un pays où les inégalités grandissent. Il prône l'isolationnisme et ne veut plus que les Etats-Unis soient le gendarme du monde donc arrêter l'interventionnisme. On a qualifié son élection du sursaut de l'homme blanc en colère. Mais c'est faux. C'est l'Homme blanc en colère. Puisqu'en effet beaucoup de femmes blanches ont voté pour lui.
Il a l'appui du KKK, mais aussi de la plupart des suprématistes blancs qui se reconnaissent en lui. Mais je ne vais pas prendre ça comme preuve qu'il est raciste. On peut être soutenu par des racistes sans l'être soi-même.


Je n'ai pas vraiment envie de juger son programme ou son élection, beaucoup d'analystes et d'historiens le feront mieux que moi. Je suis française en plus et même si cette élection aura des répercussions sur le monde après tout on devrait accorder moins d'attention à ces élections shows qui recherchent à tout prix le regard du monde entier. Les américains et leurs excès me fatiguent très vite. En plus je me vois mal critiquer quoi que ce soit alors que bientôt les élections françaises auront lieu et que je suis déprimée d'avance quand je vois les candidats, leurs discours, leurs idées.

En attendant le jour de l'élection on a vu des US blessés, des gens terrifiés, pleurant d'un côté et un bonheur ineffable de l'autre. Donc des United States plus du tout united.

Comme pour le Brexit (que j'ai pris plus à cœur) les jeunes ont en majorité pensé comme moi (contre le Brexit et pour Clinton) et ça me donne un immense espoir.
Pourquoi ? Peu importe ce sursaut de l'Homme blanc, peu importe sa peur le monde change. Et personne ne peut se mettre en travers du progrès. Les latinos sont en train de devenir la première communauté du pays et c'est trop tard pour changer ça. La communauté LGBT+ est de plus en plus visible. Les femmes prennent le pouvoir et brisent le plafond de verre. Black lives matter. Et qu'on le veuille ou pas il y a de plus en plus de musulmans. C'est pas facile de faire partie de ce qu'on appelle une minorité ou plutôt du côté des oppressés. Parce qu'on doit se battre deux fois plus, parce qu'on a moins d'opportunité et parfois l'impression d'être laissé pour compte. Mais on avance. Désespérément lentement mais profondément. Les sociétés et les modes de vie changent. Désolée les fachos. Non mais vraiment désolée. Parce qu'en fait vous vous battez en vain. Et c'est une des choses les plus frustrantes qui existent au monde. Se battre contre les tendances du monde, se battre contre une vague de progrès, se battre contre l'augmentation d'une population, la fermeture des frontières. C'est un caprice d'enfant, c'est s'accrocher à son innocence. Et tu peux fermer les yeux en criant ça ne change rien. Les choses vont changer. Vous ne pouvez pas garder en l'état votre mode de vie. Bientôt le monde entier vivra en ville et tout le monde va devoir se mélanger. Ça n'a plus de sens la couleur de peau ou la culture. Il y a de moins en moins de gens qui ont une culture unique. C'est vraiment ça. Le mode de vie de nos grand-parents n'a plus de sens. Le monde tourne.
Les sangs de bourbe arrivent et vous ne pouvez rien faire contre ça.
(Oui oui on se refait la série des Harry Potter excusez la référence.)

Meilleure séquence de tous les Harry Potter

Plus sérieusement. Je sais que c'est particulièrement touchant de voir que 25 % de la population vote pour quelqu'un qui met la vie des autres en danger et légitime les sentiments de colère et de haine. Je sais que ça n'augure rien de bon pour la planète d'un point de vue écologique. Que les quatre prochaines années vont être épuisantes. Les armes à feu, les agressions et le racisme libéré (déjà des dizaines de cas ont été recensés, parmi les plus tristes : des enfants qui chantent à un groupe de présumés autres enfants hispaniques qu'ils vont se retrouver du mauvais côté du mur, les arrachages de voiles d'hommes blancs aux femmes musulmanes et ce tag : Black lives don't matter, your vote neither.). Moi je crois que ça va aller mieux. De mieux en mieux. Parce qu'on va pas pouvoir faire autrement que s'entraider à un moment.
Les sociétés changent. Les conservateurs, aussi en colère qu'ils soient, ne peuvent rien y changer.
Moi je veux juste que les gens qui m'entourent soient heureux et j'ai l'espoir qu'ils feront de même autour d'eux. Je veux voir grandir les enfants avec des valeurs de respect, de tolérance, d'ouverture, de courage. Pas qu'ils grandissent dans la peur et qu'on leur dise que ça va être de pire en pire. C'est faux. Archi faux. Déjà parce que moi à mon échelle je vais travailler pour que ça aille mieux.
J'ai hâte de vivre dans ce monde où on sera mélangé. Mélangé mais uniques. On est tous différents mais on a tous des points communs. Je regarde plutôt ceux-ci.


Donc j'ai très envie de prendre dans mes bras tout ceux qui ont peur, qui n'osent plus porter le voile, qui se demandent s'ils sont en sécurité, de prendre ces 8 enfants transsexuels qui se sont suicidés le jour de l'élection. De les rassurer. Les temps sont durs mais ils ne dureront pas.

Et de l'autre côté si je crois en des points communs entre chaque et si je veux éviter que ça se reproduise en France, cette surprise de découvrir autant de gens contre soi, alors je me suis dit qu'il faudrait que je regarde ceux qui ont voté Donald Trump.
Je ne peux pas continuer comme tous les médias à dire qu'ils sont ignorants, de les prendre de haut. Nous n'avons pas les mêmes opinions mais ils ont aussi des valeurs. Et pourquoi sont-ils en colère ? Ils ne peuvent tous être racistes et sexistes.
Alors comment ? Comment Trump a-t-il pu convaincre autant de personnes ? En étant grossier et en mentant éhontément, mensonges révélés par de nombreux médias.
C'est un vote contestataire. Trump plutôt qu'Hillary. Ensuite les électeurs de Trump et beaucoup d'autres, ne font plus confiance aux médias. Cette rébellion c'est l'anti-système. Un mélange de colère contre les élites, de besoin d'avoir un homme du peuple, de changer tout, de peur que tout change et cet homme propose de protéger.
Nous allons nous retrouver en France avec cette même fracture. Surtout si un candidat de gauche fait face au candidat d'extrême droite.
Un des problèmes est le manque d'écoute. Parce que oui il y a un fossé. Fossé entre les générations, entre les hommes et les femmes. Et je me rends compte que c'est aussi ce dont je parlais dans mon post avorté sur le féminisme et le racisme.
Exemple : beaucoup d'hommes se braquent quand on parle de féminisme, considèrent ça comme de la mysandrie, se sentent agressés, disent qu'on généralise et qu'on accuse injustement l'homme blanc, que les hommes souffrent aussi. C'est dur de reconnaître qu'on fait partie du bon côté d'un système injuste. Je suis blanche et j'ai mis du temps à reconnaître que oui le système est raciste et j'en fais partie et je suis du bon côté. Et oui oui oui vos souffrances sont valides et oui encore oui je reconnais l'esclavagisme, le racisme de tous les jours. Non le racisme anti-blanc n'existe pas. Oui je suis du côté de l'oppresseur. Je suis désolée pour toutes les fois où j'ai été raciste, même sans faire exprès. Voilà. J'entends vos souffrances. Je comprends l'horreur de voir les noirs se faire tirer dessus sans raison, je comprends que c'est parce qu'ils sont noirs. J'écoute et je me tais parce que ce n'est pas ma voix de blanche que l'on doit entendre mais les principaux intéressés.
Eh bien j'ai le sentiment que je vais devoir apprendre à faire pareil. Ecouter ceux dont les idées me font mal. Sortir de la douleur pour essayer de comprendre.
Au sortir des élections j'ai vu des gens fondre en larmes et d'autres sauter de joie. Comment est-ce possible ? Des gens craindre pour leur vie et d'autres célébrer. Impensable, deux vitesses, deux amériques. Et je n'ai absolument aucun doute sur le fait qu'il peut se passer la même chose en France. Je l'ai vu avec la manif pour tous qui m'a dégoûtée. Je refuse de parler à ceux-là. Je refusais.
Il va falloir aller dans les campagnes, parler aux vieux, parler aux chômeurs qui votent pour des gens qui les traitent d'assistés. Au lieu de toujours ramener le débat public et le focus des médias sur les thématiques de l'islam.
La démagogie ça marche toujours c'est même le principe. Parce qu'aussi étrange que ça paraît Trump est un démagogue, il dit ce que son électorat veut entendre … en partie du moins. Parce que la faisabilité de ces propositions est limitée en général.
Il faut laisser la parole et l'espace à deux catégories de la population, ceux qui ne votent pas et ceux qui votent par colère. Il faut qu'on les écoute parce que sinon on va être surpris encore et encore et à force de les prendre de haut on va descendre bien bas.
Et ce sont des beaux discours parce que c'est plus confortable de rester entouré de gens qu'on aime. Je peux comprendre aussi que tout le monde n'en est pas capable, demander à la communauté LGBT+ d'aller voir les manifestants de la manif pour tous ? Des gens qui veulent leur nuire. Demander aux noirs d'écouter les racistes... Je comprends que ça peut être au-dessus de leurs forces.
Ce serait tentant de dire que c'est à eux de venir. Sauf qu'il faut bien que ça vienne de quelqu'un cette volonté de vivre ensemble. Et l'électorat de MLP va pas venir de lui-même.


Oh allez y'a de l'espoir. Soyons le changement qu'on veut voir dans le monde (Gandhi).


Petite playlist de vidéos pour se sentir mieux :

Tous les vlogs du monde de Loka : https://www.youtube.com/user/LokaVonCaramels

Tu n'es pas seul-e  : https://www.youtube.com/watch?v=OV4LuhnPf2A

Dire je t'aime : https://www.youtube.com/watch?v=pIls4gwSWOY

Vous êtes l'évolution (discours de Charlie Chaplin) : https://www.youtube.com/watch?v=mHsC8np3wH8

Une dame anglaise qui tire le meilleur du Brexit : https://www.youtube.com/watch?v=4_HHCsA6ngE

Une autre dame qui réagit admirablement face aux tragédies du Bataclan : https://www.youtube.com/watch?v=hMIefZhqwc8

Et toutes les vidéos qui redonnent foi et espoir que vous pourrez trouver. Si vous avez envie de m'en faire découvrir pour remplir le monde de positivité envoyez moi des vidéos, je suis avide de ça.

Des bisous pour tous, ceux qui ont peur de perdre leurs droits et ceux qui ont peur de perdre leur mode de vie.

Et du Bowie + Queen  pour finir


vendredi 14 octobre 2016

Toronto

Voilà voilà je reviens de Toronto !
Séquence racontage de vie en approche. Installez-vous et soyez jaloux pour quelques secondes (et restez pas jaloux plus de quelques secondes vous aussi partez faire une aventure ou découvrir de nouvelles choses).



Ce week-end c’était Thanksgiving, pour nous les européens ça veut rien dire et ici c’est une sorte de réunion familiale ou on mange de la viande. Ça n’a pas l’air aussi important que noël (et y’a pas de cadeaux) mais c’est plutôt sympa. Si je ne dis pas de bêtise c’est une tradition autochtone qui a été un peu remasterisée (autochtone désigne les indiens d’Amérique du Nord).
Bon c’est bien beau tout ça mais quel rapport ? Et ben c’est férié le jour de Grâce (le lundi) ! Du coup hop je prends mes strings et mes tongs et je m’en vais dans le Sud !



Vous vous en doutez bien, ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça mais grosso modo je suis partie avec 4 autres sciencepistes dans la ville qu’on qualifie de New York canadienne. C’est la plus grosse ville du Canada avec 2,615 millions d’habitants et plus de 6 millions en zone urbaine, dans un pays qui en compte 36 millions ça fait beaucoup.

Le réseau ferré étant pas de ouf développé au Canada on voyage pas mal par bus (Greyhound c’est la vie) c’est moins cher et plutôt bien fait. Donc je suis partie le vendredi à 18h pour repartir le lundi à 14h. Le trajet a duré 5h30/6h à l’aller et 7h au retour (gracias aux bouchons). Et étonnamment c’était pas si long. A condition d’avoir son portable chargé, ou un livre, et une place près de la fenêtre (contre laquelle on peut s’appuyer). En soi l’une des trois conditions peut suffire parce qu’on a de la place, que personne n’embête personne et que c’est confortable.
Je sors du travail, excitée comme jaja et hop on prend le bus (qui avait un problème de clim donc on a étouffé sous la chaleur pendant tout le trajet… vraiment … je me suis demandée à un moment si mon sang pouvait bouillir. Guess what ? Non sinon on meurt.). On arrive dans Toronto vers minuit et c’est le moment de trouver notre air bnb. On traverse donc la ville en nocturne et c’est plutôt magnifique (on passe dans le campus, devant l’assemblée législative …) et nous voilà arrivés (enfin) devant notre adresse.
Pas très engageante, c’est une petite porte entièrement taguée à côté d’un grec, la boîte aux lettres où on récupère nos clés possède 2 énormes cadenas. A l’intérieur un escalier exigu et une lettre qui explique que le chauffage marche pour tout l’immeuble donc si un gentil rigolo le baisse à 10 tout le monde se gèle les miches. Mais une fois arrivés c’est une bonne surprise. C’est même très sympa ! Une cuisine avec de l’ardoise sur les placards (et des dédicaces du monde entier dessus) une petite salle de bain, un lit deux places, un canapé une place et un matelas gonflable 2 places. D’ailleurs le matelas est un peu raplapla.
Les garçons le prennent et les rôles changeront. Il est 1h demain c’est lever 5h je m’endors en deux secondes mais j’entends en bruit de fond que ça met du Jul (Lourd.) et que ça rigole pas mal (ils assumeront pas deux jours plus tard).
Samedi encore dans la nuit. 5h. Bonjour nos têtes. On fait les sacs, une petite virée à 50m pour acheter des paquets de croissant (et on remercie le système américain où les supermarchés sont ouverts toute la nuit) et uber direction la gare pour prendre un bus.
Le chauffeur est kurde, on discute de la France et de la Turquie, on rigole. Ça sent l’aventure et la tête du matin dans son taxi. On rigole avec nos voix graves matinales encore pas tout à fait réveillés. On est en avance alors on fait un tour et on voit un raton laveur obèse qui fait sa vie.
C’est marrant le matin. J’aime bien ça. Quand tout le monde dort, on se retrouve seul dans le silence et aux gigantesques constructions humaines. C’est comme un secret le matin.
Bref on arrive aussi sur une place avec des écrans géants allumés partout, on chante New York on se prend pour des stars. On s’en fout y’a personne.
Un gars finalement vient nous parler pour nous dire que New York faut pas y aller pour le nouvel an c’est trop bondé, il le sait parce qu’il l’a fait 5 fois (nik la logik).
 
Bernie <3


Finalement on prend le bus direction Niagara Falls (la ville s’appelle littéralement Les Chutes de Niagara … du coup je me demande Niagara c’est qui/quoi ?).
Et on arrive dans une station hantée… réellement. On dirait une gare routière fermée dans la Creuse. On met 25 minutes avant d’apercevoir quelqu’un (bon ok les gens aiment faire la grasse mat mais c’est abusé quand même). On voit des bâtiments fermés avec des planches aux fenêtres.  Wallah c’est vide Niagara Falls. Sauf que ce n’est que le début …
Après 25 minutes de marches en longeant la rivière il commence à pleuvoir. Ok la météo nous avait prévenu mais on passe vite d’une petite drache à la bonne pluie. J’ai un léger sweat et chacun de mes compatriotes a un parapluie ou un poncho ou une capuche. Au pire j’ai une casquette me dis-je. J’avoue à ce point de l’histoire j’ai le seum et je suis mouillée et tout le monde se fout de ma gueule.
On arrive donc aux chutes qu’on voit sous les nuages et sous la pluie mais wow. Il a trois chutes et elles sont larges. C’est très beau, surtout quand on ira voir juste au-dessus le moment où des milliers de litres se déversent de manière hypnotique dans le vide.
Ce qui me fait rire c’est l’invasion asiatique sur les bateaux et en face, sur le côté américain. Ils ont tous les k-way colorés donnés par les compagnies de bateau. On voit donc des centaines de fourmis roses d’un côté et de jaunes de l’autre. Moi ça me fait rire. J’ai une allure bizarre avec mon écharpe de toutes les couleurs et ma dégaine de chien mouillé.
On va sous les chutes et puis on meurt de faim alors direction la partie Las Vegas. Parce que oui Niagara Falls c’est un mélange de Détroit, de truc naturel magistral avec de l’eau et de mini Las Vegas. L’allée des fastfood ressemble à Disneyland. On est plus que surpris, l’ambiance est trop bizarre. Bon bien sûr le grand garçon du groupe décide de courir après les mouettes et notre photographe en titre fait des clichés sublimes et notre diseuse de conneries dit des conneries mais ça va elle est marrante. On valide.
L’aprèm on visite Toronto (qu’on voit enfin sous le soleil… ah oui j’ai oublié de préciser : la pluie s’est enfin arrêtée et j’ai fini par sécher). On voulait absolument voir le coucher de soleil sur Toronto et on l’aurait raté à cause de l’heure de queue donc à la place on se balade. Au dernier moment Aïssatou (la diseuse de conneries) réussit à récupérer une place pour le concert de Drake le soir-même (concert qui était mémorable d’après ses nombreux snaps). Et on va manger avec une science piste torontoise (COUCOU JULIE). Elle nous parle de sa vida loca et nous de notre dolce vida dans une brasserie irlandaise sur un bord de lac (poésie tmtc) et on a galéré pour trouver un truc ouvert à 20h un samedi soir sur la plus grande ville du Canada. Y’avait personne d’ailleurs. On finit dans un bar/maison vraiment sympatoche et hop retour au lit.
Joyeuse découverte : le matelas a dégonflé de 1/3. On adore.
Je dors toujours pas dedans mais les deux filles disparaissent dans ce matelas/hamac qui va finir par toucher le sol.
Le lendemain matin on visite la ville et on prend notre premier breakfast à la bacon nation (j’ai même pas pris de bacon). Chinatown, Little Italy, Korean place, le quartier du campus, le centre business, le petit marché un peu hype vegan. Autant de quartiers et d’ambiances différentes. En marchant on voit même une église avec un drapeau LGBT. D’ailleurs des drapeaux arc-en-ciel on en voit partout ! Y compris sur les devants des hôpitaux (hôpitaux et centres de recherche pour le cœur, les enfants malades ou le cancer gigantissimes en plein milieu du centre ville).
On finit par monter à la CN Tower. Alors que je pensais avoir vaincu mon vertige depuis des années je retrouve ce frisson intense sur toute ma colonne vertébrale et les membres qui tremblent (ma face pas rassurée a été prise en vidéo) quand je monte (rapidement) sur le plancher de verre (mdr si vous voulez suicidez vous mais c’est pas pour moi je connais mon histoire, 9/11 toussa toussa on est jamais à l’abri d’un avion). Le resto a des prix abordables (contrairement à celui sur la tour Eiffel) mais on redescend (on ne va PAS à l’aquarium pour ma grande déception, pourtant j’adore les aquariums) et on mange chinois pour Thanksgiving.


[Ellipse rapide : on rentre, ces fragiles qui m’accompagnent sont crevés, à part Aïssatou et donc on ne sort pas. Par contre on découvre qu’elle est Serdaigle sur Pottermore et je dors par terre parce que le matelas est décédé.]

Le lendemain matin on part en Bretagne. Bon pas vraiment mais presque. Toronto est en bordure d’un lac immense (canadien quoi) et il y a une sorte d’île. Le billet de bateau est donné (7$ A/R). On était seuls sur cette île toute verte et sans écureuils, presque inhabitée avec des plages et ce qu’on prendrait pour un accès à la mer. On a vu Toronto de loin et fait des photos superbes. Et aussi vite que c’est arrivé on a dû reprendre le bus pour rentrer.

Substantiellement c’était bien. Vraiment.
Je ne suis pas une guide du routard mais personnellement j’ai apprécié la vivacité et la diversité de Toronto, être étourdie par les gratte-ciels puis apaisée par la mer, cocoonée dans les petits quartiers résidentiels et éblouie par les lumières de Chinatown. C’est pas trop trop cher et ça vaut le détour. Au moins pour deux jours histoire de se balader au travers des ambiances.


Bon la bise et à la prochaine fois !

mardi 4 octobre 2016

Pensée no 2 : L’envie de voyager

Je suis loin de chez moi. C’est pas nouveau je le répète à chaque nouvel article, à la fin on l’aura compris.
Suis-je dépaysée ? Oui par certains aspects, c’est pour ça que j’ai commencé la série Ce qui change (on notera le titre original) mais globalement pas trop. Je suis dans une ville occidentale, j’ai tout à portée de main, je mange la même chose ou presque qu’en France. Fondamentalement mon mode de vie n’est pas si différent. Et ce n’est pas anormal et je ne m’en plains pas. C’est évident qu’une routine s’impose et heureusement.
Je vais au travail 5 jours par semaine, j’ai entraînement deux fois, je fais des lessives, je check mes mails, mes notifications, je regarde des vidéos, des séries, j’écris sur mon forum, je poste un article.
Non être immigrée (ce n’est pas parce que je suis blanche et française que je suis une expatriée, j’ai la même définition qu’un immigré, un travailleur qui quitte sa terre natale pour s’installer ailleurs) ce n’est pas forcément sortir de sa zone de confort, ce n’est pas forcément vivre une vie d’aventures, de surprises, de découvertes. Il y en a, comme la fois où je suis allée voir le festival de montgolfières, comme cette croisière sur le fleuve. Il y en aura quand l’hiver viendra et même ce week-end à Toronto mais en général ma vie c’est pas un film.
Et pourtant dans ma tête si.
Déjà internet est un facteur de rêve constant. Les réseaux sociaux me montrent un tas d’histoires et d’opportunités de partir faire le tour du monde, d’expériences de gens qui l’ont fait. Ou même de façon moins directe des photos magnifiques prises au quatre coins du monde qui donnent envie d’y être. Encore mieux, je suis dans la promotion de SciencesPo qui part cette année. On est en 3ème année donc on doit partir à l’étranger et ça veut dire des centaines d’amis, de potes, de connaissances partout sur la planète. C’est une opportunité de folie. Chacun partage à son niveau, à son envie mais sur mon fil d’actualités le vent du large frappe fort. Sur facebook mais aussi sur snapchat, sur les blogs, les instagram. Certains sont bientôt en vacances d’hiver (l’hémisphère sud), d’autres profitent en postant des photos d’échappées pendant les week-end ou de sorties avec des natifs du pays.

Cette surexposition crée un envie de m’envoler. Mais moi aussi je me suis envolée non ? Eh bien je me suis installée surtout. Mes envolées ce seront mes petits voyages tout au long de l’année. Ma mère est partie elle aussi quand elle était plus jeune, deux ans. Et je ne peux que constater à quel point le voyage est différent. Elle est partie deux ans, seule, en bougeant de pays en pays à travers l’Asie. Je pars un an travailler au Canada. Les expériences sont diamétralement opposées. Parce que je ne sors pas de ma zone de confort.
Et comme en France j’ai la même envie de … partir. Sacré virus que celui de vouloir s’envoler. Et que personne ne me sorte la chanson de Louane. Mes chers parents je vole … ils peuvent venir avec moi mes chers parents ça me dérange pas tant que je vois le Machu picchu, le temple d’Angkor, les pyramides d’Egypte, le grand Canyon, le Sahara, la Sibérie. Rien que d’en parler j’ai des frissons dans les jambes.
Je vis donc un bien étrange paradoxe. Celui de partir et de vouloir partir. En tête j’ai des monstrueux voyages, accompagnée ou seule. Et j’ai peur que ça soit pas mal de l’idéalisation ou une recherche infinie pour résoudre l’insatisfaction (pas mal le titre de thèse de psycho). Parce qu’après tout je suis dans ma zone de confort (je l’ai pas assez répété il me semble). Je peux rêver tant que je veux sans oser pour autant. En plus je suis partie, qu’est-ce que je veux de plus ? Est-ce que ça serait pas une illusion ? Non non non j’essaie de me convaincre que non j’ai envie de voyager, de prendre mes bottes ou une voiture et d’aller autre part. Pas pour travailler comme but principal, pour découvrir.
Je pensais que cette 3A c’était la totale liberté. Et c’est pas tout à fait faux, je découvre qui je suis. Je ne connais personne ici alors je m’en fous. Je peux faire ce que je veux en sortant du travail et les week-end, j’ai aucun devoir. Mais je ne suis pas sur les routes, à aller où mes pas me portent.
Après tout… tant mieux. Je suis d’autant plus excitée pour les vacances qui arrivent. Dans quelques jours à peine je vais voir les chutes du Niagara. Je vais passer Noël à New York avec mes gens préférés de cette vie et je vais aussi aller à Toronto, Montréal, New York encore. Je vais aller faire des raquettes, faire du ski de fond et du chien de traîneaux. Ça va pas être tout le temps l’aventure mais déjà c’est pas mal. Et puis ça me laisse le temps de rêver aux futurs voyages.

Un petit échantillon : marcher sur les chemins de Compostelle avec ma petite sœur (elle va être ravie de l’apprendre tiens), aller dans les montagnes de la cordillère des Andes (Perou, Argentine, Chili peu m’importe mais en America latina s’il vous plaît) avec ma meilleure amie, Moscou et Saint Petersbourgh en famille, le tour des côtes bretonnes en un été, l’Ecosse en poney (le rêve), l’Islande en itinérant (avec des potes ?), le Mali et le Sénégal, la jungle africaine (oui bonjour les clichés merci je sais même pas dans quel pays je verrais ça), l’Iran et ses paysages qui me font tant envie (seule peut-être), et l’Asie… le Japon, l’Indonésie, l’Inde tout court (MDR TRO MARRAN), les rizières (je rigole même pas j’en ai jamais vu en vrai), la Thaïlande, le Cambodge, le Laos…
Je suis jeune mais je stresse déjà à l’idée de ne pas avoir assez de temps.
En attendant il faut que j’apprenne à apprécier ce que j’ai. Ma zone de confort en tout cas… peut-être que je la regretterai plus tard on sait jamais. Carpe Diem. Parce que si je rêve trop je risque d’oublier de profiter.


PS : Un article qui explique pourquoi j’ai pas envie d’être appelée expatriée. On est tous dans la même gadoue. http://www.lactualite.com/societe/la-difference-entre-les-immigres-et-les-expatries/