Eh bien eh bien me
revoici ! Ça fait deux semaines que j'ai repris le travail,
soit l'équivalent de mes vacances. Mes vacances qui furent assez
mémorables. Je les raconterai dans le prochain post mais aujourd'hui
je me suis dit que ça pouvait intéresser certaines personnes si je
parlais de mon travail.
Techniquement mon
stage fait partie de ma troisième année d'études post bac, je suis
toujours étudiante de SciencesPo, il dure 8 mois (avec 2 semaines de
congé comprises) et est à temps plein.
Je suis dans une
maison d'édition francophone basée en Ontario (province
majoritairement anglophone) et plus précisément à Ottawa (Ottawa
est la capitale du Canada et à la frontière du Québec qui est la
province francophone). Il y a plus de 250 000 francophones dans
l'Ontario.
Je présente ici une
carte :
On peut voir les
deux villes principales : Toronto (appelée la mini New York) et
Ottawa (ville avec beaucoup d'institutions publiques dont le
Parlement). L'Ontario est principalement peuplé dans le Sud et
l'Est.
Avant de venir au
secteur de l'édition en particulier, j'ai besoin de faire un point
sur la géographie et l'importance de la langue française pour les
francophones. Selon la francophonie des amériques, hors Québec les
francophones du Canada représentent 4,5 % de la population,
soit environ la même proportion que les autochtones (Indiens
d'Amériques, Premières Nations, Amérindiens, appelez-les comme
vous le désirez) sauf dans la province du Nouveau Brunswick où ils
sont 1/3 de la population.
Selon Wikipédia,
les chiffres de 2011 montrent que les canadiens francophones
représentent 30 % de toute la population. C'est un chiffre bien
plus grand que je ne me l'étais imaginé et pourtant ça ne se
ressent pas du tout (à part au Québec, province très à part qui
demande son indépendance depuis un bout de temps, Vive le Québec
libre toussa toussa).
Il existe
véritablement une fracture entre anglophone et francophone, ce n'est
pas seulement au niveau de la langue même si maintenant, j'ai le
sentiment que c'en est devenu le symbole. Au départ ce fut la guerre
entre Anglais et Français, puis les américains (US) qui voulaient
envahir le Canada. Historiquement je ne vais pas rentrer dans les
détails mais il y a eu de nombreux conflits. Au sein même du
Canada, les francophones étaient catholiques et les anglophones
étaient protestants, il y avait donc une fracture religieuse.
On ressent même
différents esprits entre les anglo et les franco (ils s'appellent
comme ça). Par exemple entre Toronto et Montréal, si vous avez la
chance de visiter les deux villes, on peut constater une différence
au niveau de l'architecture, dans les bars… et encore je ne suis là
que pour 8 mois alors je n'y connais pas grand-chose et je n'ai pas
la prétention de saisir toutes les nuances de cette fracture.
En dehors du Québec
la voix des francophones est restreinte, on peut noter par exemple le
Règlement 17 en 1912 qui astreignait l'emploi du français à
l'enseignement de cette langue seulement. Règlement 17 qui a été
aboli mais qui reste très présent en tant que symbole dans la lutte
pour sauvegarder le français. Je n'en avais strictement aucune idée
quand je suis arrivée, j'étais comme tous les français qui
imaginent l'accent québecois comme les humoristes l'imitent. En
vérité il y a bien plus d'un accent français au Canada, je vous
renvoie à cette vidéo :
Donc l'emploi du
français c'est très important et c'est une véritable lutte et
fierté que portent tous les franco hors Québec, en Ontario on les
appelle les Franco-Ontariens. Cette fierté farouche vient de la
menace de l'anglais. En France on se fiche d'angliciser des mots et
on les utilise sans faire attention (puisqu'on le fait mal et qu'on
le prononce à la française) : Week-end, parking, basket, Brian
is in the kitchen. Ici tout le monde est bilingue (ou presque) et il
est facile de switcher d'une langue à l'autre you know. La plupart
des jeunes franco parlent d'ailleurs les deux langues dans un mélange
pimenté avec l'accent c'est un vrai régal (mais ça va au bout d'un
moment on s'y fait et on prend la même habitude).
Vendre des livres
francophones c'est un défi, tout comme les publier. Le but est
d'assembler et de jouer sur la fibre patriotique des francophones et
de rassembler cette population éparpillée et « envahie ».
Ils sont beaucoup plus pointilleux sur l'emploi du français (au
niveau de la ponctuation je n'ai pas le droit de prendre des
guillemets anglais ou l'apostrophe anglais par exemple), ils
traduisent tous les mots à consonance anglais. C'est là qu'on voit
l'enjeu d'une langue, représentante d'un peuple.
Les maisons
d'édition hors Québec bénéficient souvent d'aides de l’État et
sont en concurrence acharnée et déloyale avec les maisons
québecoises qui ont envahi le marché. Ou alors les traductions de
livres anglais connus.
Les Editions David
pour lesquelles je travaille, se portent, de mon point de vue, plutôt
bien, avec une vingtaine de livres qui sortent par an dans plusieurs
collections : poésie, romans, romans jeunesse.
Moi je suis
stagiaire, alors je n'ai pas un poste prédéfini mais on peut dire
que je suis adjointe aux communications. Je m'occupe de toutes sortes
de tâches, très différentes les unes des autres.
D'abord je m'occupe
de l'aspect communications (obviously), c'est à dire que j'essaie de
donner de la visibilité à un livre ou à un auteur, à assurer une
présence continue sur les réseaux sociaux (sites, facebook,
twitter). Dans le même esprit je m'occupe de la revue de presse, je
classe tous les articles sortis sur nos livres ou auteurs ou
récompenses.
J'ai aussi la chance
de lire des manuscrits pour donner mon avis afin de guider soit
l'éditeur dans ses corrections mais plus souvent à l'auteur pour
qu'il corrige les plus gros défauts. Je lis surtout des livres
jeunesse vu que je suis la plus jeune au bureau.
J'essaie aussi de
décharger le travail de ma collègue en effectuant des traductions
pour des catalogues, des résumés, des infolettres …
En ce moment je
m'occupe énormément d'un concours d'écriture à visée des
franco-ontariens dont le thème est La première fois que… Je
reçois les textes, les classe, les lis, répond aux participants,
les anime et j'essaie de les encourager et de les aider. Je
m'occuperai de la pré-sélection avant le jury quand j'aurais reçu
tous les textes. Ils en choisiront certains et un recueil sera
publié.
Je gère aussi
l'aspect des envois de presse et le suivi auprès de certains
journalistes ou associations, encore une fois pour donner de la
visibilité à un livre.
J'ai participé à
trois salons dans lesquels j'étais en stand afin d'aider,
d'accompagner, de surveiller et de parfois tenir la caisse
(Hawkesburry, Montréal et Toronto).
Je fais pleins
d'autres petites tâches mais vous savez maintenant ce que je fais de
mes journées !
Bon et bien moi j'ai
mon linge à aller chercher alors je vous dis à très bientôt pour
vous parler de New York
(PS : après la
neige puis un redoux puis la pluie il caille et y'a du verglas
partout. J'adore.)
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